Diamond Mine

King Creosote & Jon Hopkins

Domino – 2011
par Jeff, le 10 juin 2011
9

King Creosote, on aime beaucoup le bonhomme. Il a cependant un gros défaut : à une époque où il est déjà difficile de suivre l’actualité musicale, lui s’en fout comme de l’an quarante et se disperse dans de nombreux projets. Sa page Wikipédia recense des dizaines d’albums et il ne se passe pas un an sans que l’Ecossais nous gratifie d’une nouvelle réalisation. Ces dernières années, celui que sa maman appelle Kenny Anderson a trouvé refuge chez Domino, preuve s’il en est du talent énorme du bonhomme. Et tandis qu’on a zappé son Thrawn sorti en début d’année, on ne passera pas sous silence sa récente collaboration avec Jon Hopkins, ce grand amateur d’electronica dont Brian Eno ou Four Tet se sont déjà attachés les services.

On le sait, ces deux types n’ont pas pour habitude de faire les choses comme tout le monde, et Diamond Mine en est une nouvelle preuve, absolument renversante qui plus est. Partant de morceaux composés par King Creosote ces dernières années, Jon Hopkins a eu l’immense plaisir d’habiller avec la finesse qu’on lui connaît le folk épuré et lacrymal de l’Ecossais à la voix d’ange. Cet album est né au gré des rencontres successives, prenant le temps de murir et ne laissant visiblement rien au hasard. Sur sept titres seulement, le duo nous conte sa vision de la vie dans un village côtier du fin fond de l’Ecosse, un de ceux que doit probablement connaître King Creosote comme sa poche, lui qui est originaire de l’ineffable comté de Fife.

Il ressort ainsi de cette collaboration vieillie en futs de chêne un irrésistible moment de grâce, certainement trop court, où folk et electronica s’entrelacent en un balai  parfait, autant rythmé par les nappes éthérées de Jon Hopkins que par les complaintes de King Creosote. Nostalgique sans jouer la carte du passéisme facile, tire-larmes sans pour autant sombrer dans le pathos, simple mais pas simpliste, Diamond Mine fait partie de ces disques qui ne viendront pas à vous portés par une quelconque hype, mais dont la découverte n’en reste pas moins rigoureusement indispensable. On savait les deux hommes pétris de talent, mais on n’imaginait pas une seule seconde que leur rencontre pourrait accoucher d’un disque d’une telle beauté. 

Le goût des autres :
9 Thibaut 8 Simon