Control OST

Various Artists

Warner – 2007
par Jeff, le 13 décembre 2007
9

Je n’ai pas encore vu Control, le film d’Anton Corbijn consacré à la vie de Ian Curtis. Manque de temps et de gens motivés pour m’y accompagner je suppose. J’ai toutefois vu débarquer il y a peu dans ma boîte aux lettres la bande originale du biopic du réalisateur et photographe néerlandais. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette galette au tracklisting irréprochable donne sérieusement envie de se ruer dans une salle obscure pour dévorer ce Control encensé de toutes parts… ou plutôt d’attendre sa sortie en DVD puisque le film n’est plus à l’affiche que dans de rares cinémas. J’imagine également que les nombreuses personnes qui ont vu le film sont ressorties de la projection avec une sacrée envie de se procurer ce disque, voire de se replonger dans la discographie de Joy Division et de toutes ces formations qui ont influencé (ou ont été influencées) par le groupe de Manchester.

En effet, exception faite d'une reprise (heureusement pas trop mauvaise) des immondes Killers dont on se demande ce qu’ils peuvent bien foutre là, la bande originale de Control se propose de résumer en dix-huit titres ce qui s’est fait de mieux dans le courant des années 70 et 80. Il serait inutile et bien trop fastidieux de vous parler dans le détail de ces monuments de la musique moderne qui se côtoient sur ce disque. Aussi, je pense que l’évocation du Velvet Underground, de New Order, de Iggy Pop, de Kraftwerk ou, bien évidemment, de Joy Division suffit largement pour vous convaincre de la qualité intrinsèque de la chose. Il se dégage clairement de ces titres, entrecoupés de bribes de dialogue extraits du film, une classe folle (celle de ces éternels dandys que sont David Bowie ou Brian Ferry), une rage incontrôlable (celle des Buzzcocks ou des Sex Pistols) ainsi qu'une vision bien personnelle du mal-être (celui-là même qui allait pousser Ian Curtis au suicide). L’autre point fort de ce disque, c’est de ne pas être tombé dans le piège d'une sélection facile: hormis le monumental « Love Will Tear Us Apart », les morceaux ici repris ne sont pas spécialement les plus vendeurs ou les plus aguicheurs et Anton Corbijn se permet même nous faire découvrir le rock progressif halluciné de ses compatriotes de Supersister.

A une époque où le MP3 tente de pousser irrémédiablement la compilation vers la porte de sortie, la bande originale de Control s’impose comme une piqûre de rappel, indispensable pour certains et bienvenue pour d’autres, mais surtout comme un énième témoignage de l’immense talent de tous les artistes ici présents.