Bye Bye 17

Har Mar Superstar

Cult Records – 2013
par Jeff, le 16 mai 2013
7

Vu l'inquiétante baisse de qualité observée dans la discographie des Strokes depuis la sortie de First Impressions of Earth (en 2006 quand même…), on en arrive à accorder plus d'intérêt aux sorties du label récemment lancé Julian Casablancas qu'au dernier né de sa bande. Et si on ne perdra pas notre temps à vous parler de la première sortie estampillée Cult Records (l'insipide album de The Virgins), on ne passera pas sous silence cette nouvelle réalisation signée Har Mar Superstar.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce personnage haut en couleurs (et on en faisait partie il y a encore quelques semaines), on a ici affaire à une sorte de sosie de la pornstar Ron Jeremy, un artiste touche-à-tout qui traîne ses guêtres (quand il en met) depuis une bonne dizaine d'années sur la scène indé et un bonhomme qui a une page Wikipédia bien fournie qui lui donne des accointances avec des gens comme les Strokes (Fabrizio Moretti lui a servi de batteur par le passé) ou Karen O des Yeah Yeah Yeahs (qui a chanté sur un de ses albums). On a surtout l'impression de tenir là un proto-hispter qui est passé roi dans l'art de brasser du vent – et un petit tour sur YouTube nous le confirme.

Mais ça, c'était avant la signature chez Cult Records et l'enregistrement d'un album finalement moins foireux, mais tellement plus attachant. En effet, à première écoute, Bye Bye 17 est un album de soul. De ceux qui ressemblent à ces livraisons signées Sharon Jones ou Nicole Willis et dont il est absolument horrible de parler tant on a l'impression de devoir sortir les 20 mêmes poncifs pour essayer de cerner sérieusement un sujet qu'il est possible de baliser en un pauvre paragraphe. Mais voilà, là où le côté "flonflons et flanflan" de la discographie passée de Har Mar Superstar nous faisait penser que le mec tenait davantage de l'esbroufeur que du trendsetter, il y a dans ce Bye Bye 17 un souffle et une énergie inattendus.

Et ce n'est pas dans le fait que le citoyen de la Big Apple s'en est allé dans les studios texans de Jim Eno (de Spoon) ou qu'il a passé des mois entiers à bouffer du Otis Redding et du Sam Cooke que l'on peut trouver la valeur ajoutée inattendue à ce Bye Bye 17 très court, mais également éminemment chouette. Non, c'est justement dans cette approche très débridée et un peu jean-foutre de l'exercice musical que l'on va puiser tout ce qui fait plaisir sur ce disque. Respectant un-peu-mais-pas-trop-quand-même un cahier des charges 'soul vintage', Har Mar Superstar use de ces moments passés aux côtés de gens autrement plus bankable que lui pour donner un souffle pop libérateur et une légèreté assez agréable à son à Bye Bye 17.

Il est clair qu'au regard de ses réalisations passées, il sera facile de taxer le mec d'imposteur patenté et de suceur de roues opportuniste, mais à un moment, quand le talent d'écriture prend le dessus sur les poses bidons et les attitudes en toc, le rédacteur n'a d'autre choix que de mettre de côté ses punchlines assassines. En même temps, vu la propension du mec à donner dans le grand portenawak opportuniste, il est fort possible qu'on puisse les ressortir plus vite qu'on le pense.