4

Beyoncé

Columbia – 2011
par Jeff, le 29 juin 2011
7

S’il est un terme que l’on a trop vite tendance à associer à la moindre chanteuse à la voix d’or, aux formes généreuses et aux chorégraphies dingues, c’est bien celui de « diva ». Pourtant, ne nous méprenons pas, ce substantif doit être réservé à une caste d’êtres uniques à bien des égards. Et une certaine Beyoncé Knowles l’a bien mérité. Il n’y a qu’à voir le délire provoqué par son passage en tête d’affiche ce dimanche soir sur la grande scène de Glastonbury pour comprendre que cette gonzesse est parvenue à éclipser la concurrence et devenir la plus grande star de la planète – n’en déplaise aux fans de la poisseuse Lady Gaga.

Le propre des divas, c’est probablement profiter de leur statut pour faire ce que bon leur semble. Et dans le cas de Beyoncé, cela ne semble pas être vraiment du goût de son label. En effet, pour son quatrième album en solo, madame Jay Z ne s’est pas contentée de convier les habituels faiseurs de tubes: elle a également opté pour quelques personnages inattendus (la paire Diplo / Switch) et s’est aussi attaché les services de la nouvelle vague du R&B, celle emmenée par des types qui pensent plutôt au futur qu’au présent comme The-Dream ou Frank Ocean. A la rédaction de GMD, on salive forcément. Par contre, du côté de Columbia pour qui Beyoncé est l’une des principales vaches à lait, on sent venir un flop tout relatif en termes de ventes. Ce qui ne peut être qu’on bon signe au regard des acteurs présents sur ce 4.

Car s’il est fort possible que ce disque ne rentre pas dans les annales de la musique pour ses ventes astronomiques, il a ceci de réjouissant qu’il marque la véritable émancipation d’une donzelle qui se disait « independent woman » il y a déjà un beau paquet d’années. Certes, on retrouve sur 4 des slows langoureux (magnifique « 1+1 » inaugural malgré son solo de guitare inutile) et des morceaux plus lisses et aseptisés qui feront plaisir au fan lambda de la bombe de Houston (le ventre mou du disque est assez généreux en la matière), mais on se délecte surtout des passages plus aventureux et pas vraiment raccord avec les habituelles livraisons de Beyoncé Knowles. A ce petit jeu, le « Party » offert par Kanye West et rehaussé de la présence d’un André 3000 plus habile que jamais emporte la palme de moment fort du disque, talonné de très près par le futuriste « I Miss You » signé Frank Ocean et le revanchard « I Care » co-écrit par Chad Hugo des Neptunes. On octroyera également une mention spéciale à ce « Love On Top » cheesy en diable et qui rappelle le Stevie Wonder ou le Michael Jackson de la seconde partie des années 80.

Au final, on sent qu'avec 4 Beyoncé Knowles est arrivée à un moment charnière, qu’un nouveau palier a été franchi dans une carrière qui n’en finit plus de repousser les limites de la starification et de la perfection. Aujourd’hui, la diva incontestée, c’est elle, qu’on le veuille ou non. Et on peut espérer qu’elle se servira d’un tel statut pour nous produire ce R&B de qualité supérieure, mêlant visées commerciales et choix artistiques aussi osés qu’assumés. Car clairement, vu l’influence d’une Beyoncé aujourd’hui sur la musique, il en va de notre santé auditive à tous…

Le goût des autres :
7 Thibaut 7 Laurent