Dossier

2019 en 50 albums

par la rédaction, le 14 janvier 2020

#40

From Somewhere Invisible

Oiseaux-Tempête

Se lancer dans l’écoute d’un album d’Oiseaux-Tempête, c’est ouvrir un carnet de voyage. Pas voyager, non : ouvrir un carnet de voyage. Qui brûle. Incandescent comme jamais, From Somewhere Invisible marie post-rock d’une rare intensité et expérimentation parfaitement contrôlée, alternant sans relâche attaques et moments de grâce au sein d’un univers qui n’avait jamais sonné aussi lourd, quasi opaque.

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#39

The Oracle

Angel Bat Dawid

Dans l’émulsion free jazz qui résonne depuis si longtemps à Chicago, l’expérimentation ne s’est ni cantonnée ni arrêtée à Sun Ra. Après une tumeur au cerveau et une entrée difficile dans le monde du travail, Angel Bat Dawid a tout balancé pour se consacrer à la musique. The Oracle est le premier album d’une artiste à l’esthétique résolument free, capable d’envoyer chier toute une tradition sauf celle qui consiste à être libre dans sa façon d’aborder la création. Enregistré en lo-fi, à l’iPhone, sans batterie ou presque, mélangeant des chœurs et la clarinette, ce disque est une respiration magnifique dans le jazz contemporain, un chef d’œuvre en puissance, parce que la musique de Dawid est aussi mélodique que libérée de la mélodie, aussi technique que créatrice, et aussi neuve que réconfortante.

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#38

Grapfruit Regret

Karenn

Ce qui séduit le plus sur Grapefruit Regret, c’est la capacité de Karenn à pondre un disque de techno qui en donne pour toutes les sensibilités, quand le duo ne joue pas la carte de la vulgarisation. Un pied dans les machines, l’autre dans la gueule d’un public désireux d’en découdre, Grapefruit Regret est un produit qui n’a pas vocation à changer une recette qui fonctionne à la perfection. Fidèle à l’éthique du duo et à ses performances barbares, ce premier album est digne d’être magnifié par un show son et lumière façon Chemical Brothers, histoire de déguster ce jus de bagarre loin des clubs, et un peu plus près des foules qui squattent chaque année le Pukkelpop ou We Love Green.

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#37

Apaches

Sameer Ahmad

Sameer Ahmad n’est pas qu’une paire d’oreilles : c’est aussi (et surtout) deux yeux bien usés par un amour du cinéma aussi profond que celui du rap – sinon plus encore. Des visionnages répétés de VHS de Coppola, De Palma et Leone, le rappeur de Montpellier a conservé ce découpage de textes façon storyboard, un sens certain de la mise en scène, mais aussi une mythologie qui hante les recoins de son imaginaire et la plupart de ses meilleures rimes. Si l’amour réciproque entre rap et cinéma n’est pas une nouveauté, c’est au croisement de ces deux passions qu’Ahmad brille, renouvelant sa formule à chaque nouveau disque. Ce qui ne bouge pas par contre, c’est cette plume fluide, référencée mais toujours dans le bon sens du terme, et alimentant sa propre mythologie.

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#36

Anima

Thom Yorke

Que reste-t-il de ce que peut proposer le coeur de Radiohead en 2019 ? Et bien de très bonnes choses. On retrouve sur Anima un peu de la B.O. de Suspiria, un peu de Tomorrow’s Modern Boxes aussi, mais également pleins de choses neuves qui font que Thom Yorke est définitivement un artiste en mouvement. Dans son travail de la voix, dans sa qualité de “poseur d’ambiance”, tout est réuni pour ne pas être déçu.

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#35

Finding Gabriel

Brad Meldhau

Tout le monde – nous y compris – pète un câble sur la vague anglaise depuis deux ans, mais il faut bien dire que le jazz n’a pas attendu 2017 pour exploser son horizon esthétique. Et dans ce contexte, Brad Mehldau a tout sauf d’un puriste. Au-delà de ses pianos solos et de son duo d’anthologie avec Joshua Redman, l’Américain est le genre de musicien capable de reprendre Radiohead, de pondre un disque hommage à Bach aussi bien qu’un chef-d’oeuvre de jazz électronique, comme l’a montré son duo avec Mark Guiliana, de retour sur cet album. Et dans le miracle de cette discographie dans laquelle il est difficile de s’y retrouver, voilà que le pianiste revient avec un album aussi synthétique qu’explosif. La classe, la vraie.

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#34

All Mirors

Angel Olsen

Cristallisant les peines de cœur qui ont suivi My Woman, ce nouvel album d’Angel Olsen, cathartique et introspectif, dévoile une artiste plus que jamais résiliente. En sortant de sa zone de confort, l’Américaine réussit un tour de force audacieux : produire une œuvre baroque, épique et suffisamment authentique pour que même les plus réfractaires au folk de ses anciennes productions puissent trouver leur compte dans ce magnifique condensé d'émotions extrêmement fortes.

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#33

Giant Swan

Giant Swan

S’il apparaît difficile de savoir quel impact le Brexit aura sur l’un des pays les plus créatifs de l’histoire de la musique, Giant Swan prouve que l’atmosphère suffocante qui règne outre-Manche n’a pas encore enrayé le processus créatif des sujets de sa Majesté et qu’à défaut de délivrer une lueur d’espoir, elle a définitivement trouvé sa bande-son : un son chaotique, agressif et hypnotique, entre techno et noise.

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#32

Fever

Megan Thee Stallion

Avec Fever, la tornade Megan Thee Stallion se positionne donc comme la nouvelle "Queen of the south", une Daenerys Targaryen de ce rap jeu qui n'a pas besoin de trois dragons pour tout cramer sur son passage. Personnage à la féminité débridée et à la sexualité bouillonnante, la Texane de 24 ans démontre qu'il ne faut pas avoir une bite dans le caleçon pour être le digne héritier de la Three 6 Mafia, de UGK et des Geto Boys.

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#31

Paradise

Hamza

Paradise répond mieux que n'importe quel autre de ses projets à la question "qui est Hamza ?". Raconter sa lumière et ses ténèbres, son Paradis et son Enfer, est sans nul doute la façon la plus évidente de s'assurer un fil rouge compréhensible de tous. Cette dualité d'une triste banalité peut être traitée de manière fascinante, à l'instar du Kanye West de 2007. Sans pour autant atteindre le brio du Yeezy de Graduation (parce que c'est impossible), Hamza parvient à densifier son univers, où Hennessy, bouffées de shit, pulsions meurtrières et filles faciles cohabitent avec une vision des relations humaines quasiment romantique.

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