Rolling Blackouts

The Go! Team

Memphis Industries – 2011
par Gwen, le 2 février 2011
6

En 2004, les membres de The Go! Team n’avaient même pas obtenu le droit de vote que leur Thunder, Lightning, Strike  émoustillait critiques et public tel le survol d’une pinata géante sur le point d’être éventrée, répandant sur les trottoirs un déluge de pilules magiques et de boîtes à meuh. Cravachée par Ian Parton et la frétillante Ninja, la troupe de Brighton balayait les jours de pluie grâce à leur jeunesse dévastatrice et leur sangria sonore qui ne connaissait pas la gueule de bois. Trois ans plus tard, ils réitéraient le miracle… l’effet de surprise en moins. Leur troisième livraison nous est enfin révélée avec tous les espoirs liés à la longue période de manque.

Rendre les gens heureux est une tâche ardue qui mérite notre respect. On ne les remerciera donc jamais assez pour les fanfares, les grelots, les chants de plaines de jeux, les boucles empruntées à Star Wars ("T.O.R.N.A.D.O."), le funk cradingue, les mélodies pop qui surgissent d’un tube PEZ… On remue sa touillette en rythme dans son café, on sautille sur les pavés en essayant d’éviter les lignes et "Apollo Throwdown" glissera en douceur dans notre prochain mix d’anniversaire. Tout cela fait sourire béatement comme une vidéo de Ok Go. Vous savez, celle avec les petits chiens…

Par contre, les gamins en question ayant pris du poil au menton, on pouvait tout de même s’attendre à ce que leur énergie adolescente soit désormais relayée par une certaine expérience technique et de nouvelles aventures personnelles. "Album de la maturité", soufflerait-on si cette expression ne reniflait pas autant des aisselles. Mais les Anglais s’accrochent. Leur formule a certes passé son BAC avec mention mais supporte mal le premier entretien d’embauche. Leurs samples et leurs cuivres nous sont désormais familiers et notre oreille flaire facilement l’instrumental bucolique qui jouera les transitions entre deux morceaux. Il faut se faire une raison : ils nous avaient bien entarté avec leur insolent potentiel mais ne semblent pas avoir l’intention de nous éblouir plus que ça.

Malgré cela, l’atout majeur du groupe reste sans conteste leur maîtrise (ou leur non-maîtrise assumée?) de la scène. Dans cette perspective, chaque chanson de Rolling Blackouts peut guetter son heure de gloire. Le moment  où elle sera expulsée dans une salle avide de régression festive et y fera de l’excellent boulot. Et ce soir-là, nous en profiterons pour prouver à tous (à commencer par nous-mêmes) que nous ne sommes pas encore trop vieux pour ces conneries...