Grinding Mechanism of Torment

Caustic Wound

Profound Lore Records – 2025
par Simon, le 6 juillet 2025
8

À bien y réfléchir, on pourrait presque se demander quel trauma, à un quelconque endroit de notre psyché, nous fait adorer les groupes comme Caustic Wound. Ou plus largement tous les genres musicaux qui s'apparentent de près ou de loin au grindcore. On a accès à littéralement toutes les musiques du monde et c'est celle-là qu'on va chercher, ce condensé innommable d’extrémisme forcené censé regrouper tout ce qu'il y a de plus violent dans le death metal, le punk hardcore, le crust (souvent) et le thrash metal (parfois). Le tout dans une version ultra-rapide, souvent simplifiée à l'extrême, qui va la plupart du temps droit au but au bout d'une minute trente de dézingage.

Est-ce l'accoutumance à un environnement musical sur-violent qui nous pousse à ne plus prendre de plaisir que dans des ratonnades du style de Grinding Mechanism of Torment ? Est-ce que le plaisir peut être trouvé ailleurs que dans une dose de haine si forte une fois qu'on s'envoie deux cent disques de metal extrême par an dans les oreilles ? Si on ne débattra pas ici des états mentaux qui nous pousseraient à préférer la violence pure à autre chose, c'est probablement parce qu'il ne faut pas oublier que les musiques étiquetées grind, du moins les plus mémorables, survivent au final dans leur rapport au riff. Il y a bien sûr toute l'énergie autour, la manière de la délivrer, la rythmique indécente et les vocaux putrescents. Mais le riff, mes amis, le riff.

C'est exactement là que Caustic Wound flamboie. Que dis-je, il rayonne. Plus que probablement parce que Max Bowman, Chase Slacker et Clyle Lindstrom ont l'habitude de casser un milliard de culs dans deux des meilleures formations de death metal actuelles, respectivement Mortiferum et Corpus Offal (ex-Cerebral Rot - allez s'il vous plaît checker leur incroyable album éponyme sorti en début d'année). Trois guitaristes de formation (Lindstrom est assigné au chant dans Caustic Wound - et quel chant, bordel) qui ont toujours eu comme quête non seulement le riff qui tue mais aussi celle de celui qui vibre à la perfection.

Ce qui fait de Grinding Mechanism of Torment une énorme machine à lisser le sol, mais dans un climat death metal ridiculement chargé en bonnes ondes - techniquement on parlerait d'ailleurs plutôt de deathgrind ici. Les grooves délicieusement old school sont partout, d'autant plus remarquables que l'enregistrement de ce deuxième album confine à la perfection et assure une livraison à domicile qui inclut défonçage de porte, vidage de frigo, bagarre générale avec le chien et enlèvement de ta copine contre rançon. En vingt-huit minutes pour seize titres (dont un final de six minutes), tout ça va très, très, vite.

Grinding Mechanism of Torment devient rapidement un tunnel de sensations diverses, qui tourne toujours autour de cette énorme intensité qui le caractérise. On s'y perd au départ, mais il y a partout et tout le temps un riff de titan sur lequel se reposer, une cavalcade plus ou moins courte sur laquelle chevaucher, un solo de guitare indécent sur lequel fantasmer. C'est terriblement méchant, chaque fois structuré avec un soin tout particulier pour ne laisser aucune seconde inoccupée et ça prend toutes les respirations nécessaires pour bien apprécier le passage à tabac. Merci les gars, on s'est bien régalé, punaise.