Rosalía prend la trap par les cornes

par Amaury, le 3 juin 2018

On a peut-être trouvé la solution pour faire oublier « Despacito » à l’armée de ploucs qui ne pourront pas se passer de consonances hispaniques cet été – il faudra s’attaquer ensuite au rosé pamplemousse, mais une chose à la fois. Les camarades de Clique ont donc débusqué une artiste barcelonaise qui mériterait quant à elle, véritablement, de se taper le milliard de vues sur son compte YouTube.

Rosalía – et ça claque déjà – s’attaque aux traditions andalouses, que le flamenco représente fièrement, en le filtrant dans un registre typiquement moderne pour en faire de la pop plus accessible, notamment avec son premier album Los Ángeles. Jusque-là, l’exercice n’intéresse que légèrement, malgré sa qualité certaine et ses aspects assez séduisants.

C’est avec son dernier single « Malamente » que la jeune chanteuse vient de nous foutre le coup critique: les rythmes propres au flamenco s’y confondent à présent avec des percussions trap. Il en faudrait d’ailleurs peu pour oser dire que Rosalía vient d’inventer la Trapmenco. Ne franchissons surtout pas ce pas. Sur ce nouveau titre hybride, la modernité s’affirme bien davantage, tout en conservant cette âme noble et lointaine.

Ayant toujours su s’entourer, du guitariste Raül Refree aux proches de la scène trap de Madrid, elle collabore cette fois avec le producteur El Guincho, dont on n’oublie pas les bonnes plaques Alegranza et Pop Negro sur XL Recordings. Quant aux visuels, plutôt marquants, le collectif CANADA se charge de pérenniser l’usine à cliques. Reste donc à espérer que Rosalía tienne ce cap trap, sans s’enfoncer dans une soupe facile et insipide.