The Jesus Lizard
En 2024, The Jesus Lizard opérait un retour remarqué avec Rack, premier album studio après 26 années de silence discographique. Quelques jours avant des concerts très attendus à Paris et Bruxelles, Duane Denison, guitariste du groupe légendaire, nous a accordé un peu de son temps. On y évoque le nouveau disque, les attentes d’un public au taquet, et le quotidien d’icônes vivantes du noise rock. La soixantaine bien entamée, The Jesus Lizard constitue aujourd’hui l’un des derniers spécimens en vie d’une scène indie rock US des 90s qui a changé la musique à jamais.
GMD : Plus de 25 années se sont écoulées entre les albums Blue et Rack. Qu'avez-vous ressenti en retournant en studio avec le groupe ? Qu'est-ce qui a été le plus difficile dans le fait de se retrouver après toutes ces années ?
Duane Denison : C’est vrai que nous n’avons pas sorti de nouveau disque depuis la fin des années 90. Mais nous avons continué à jouer ensemble, à plusieurs reprises. En 2009, une grande partie de notre catalogue a été rééditée et nous en avons profité pour faire le tour du monde. En 2017, 2018 et 2019, nous sommes partis pour des mini tournées ici et là, et pendant tout ce temps, les idées s'accumulaient. Se remettre à travailler ensemble ne semblait donc pas particulièrement inhabituel. L’écriture du nouveau répertoire s’est faite de manière très progressive. L’énorme différence par rapport aux 90s, c’est que maintenant on peut enregistrer chacun chez soi, se partager les fichiers en ligne et collaborer à distance pour apporter des modifications aux morceaux. C’est exactement ce que nous avons fait, avant de nous réunir plusieurs fois physiquement pour enregistrer des démos par lots de 4 ou 5 chansons. Le matériel pour l’album s’est ainsi construit petit à petit, jusqu’au moment où nous avons estimé être prêts pour entrer en studio et enregistrer l’album.
GMD : De quand datent les morceaux qui figurent sur Rack ? S’agit-il uniquement de nouvelles chansons ou certains titres étaient-ils déjà en gestation avant de vous faire dégager de Capitol Records en 98 ?
Duane Denison : Seule la chanson "Lord Godiva" remonte aux années 90. Le morceau avait fait l’objet d’une démo à l’époque, mais n’était jamais sorti. Tout le reste de l’album a été composé à partir d’une page blanche. En ce qui me concerne, le travail d’écriture ne s’est pas arrêté après l’album Blue. J’ai continué à composer pour d’autres groupes, notamment Tomahawk dont j’étais le principal auteur-compositeur. Je ne suis jamais sorti de cette dynamique de composition.
GMD : Que s’est-il réellement passé avec Capital Records en 1998, quand ils vous ont virés après la sortie de l’album Blue ?
Duane Denison : Je pense que nous étions prêts pour que ça s’arrête. Le groupe existait déjà depuis 10 ans. Nous avions commencé au Texas, avant de bouger à Chicago. Et quand nous avons signé sur Capitol, on avait déjà 7 années assez intenses au compteur. Ce deal nous a permis de sortir deux albums sur une major : Shot et Blue. Mais la scène était en plein bouleversement. Tout à coup, des groupes qui étaient très populaires pendant la première moitié des 90s ne l’étaient plus tellement pendant la seconde moitié. The Jesus Lizard n’y a pas échappé. Et pour être honnête, nous jouions ensemble depuis une éternité. Nous étions tous prêts pour un pas de côté. D’ailleurs, la plupart des membres étaient déjà occupés dans d’autres projets. Puis nous avons tous déménagé et cette rupture forcée du groupe n’a pas été particulièrement difficile à vivre. Nous avons encore sorti un EP sur Jetset en 1998 et évolué chacun dans nos projets respectifs.
GMD : D’où est venue l’étincelle qui vous a tous convaincus qu’il était temps de sortir un nouvel album en 2024 ?
Duane Denison : À partir de 2009, quand nous avons recommencé à jouer des concerts, l’idée de sortir un nouvel album a rapidement fait son chemin. Mais, à l’époque, tout le monde n’affichait pas le même niveau d’enthousiasme au sein du groupe et on a laissé tomber. Toutefois, à force d’enchaîner les dates et les festivals, l’envie d’un nouvel album est revenue et on s’est dit « pourquoi pas ? ». On joue bien, l’ambiance est bonne entre nous. Visiblement, le timing était le bon. On assiste à un regain d’intérêt pour des groupes qui partagent cette approche et ce type de son. Au final, tout s’est bien aligné.
GMD : Il ne reste pas beaucoup de survivants de cette scène underground US du début des 90s qui tournent encore aujourd’hui. On pourrait penser aux Melvins et à Helmet. Avez-vous conservé un lien avec ces groupes ?
Duane Denison : Oui et non. Ce n’est pas comme s’il existait un club de vieux rockeurs dont nous serions tous membres. Néanmoins, je suis toujours en contact avec la plupart de ces musiciens. Si les Melvins jouent dans le coin, je vais toujours les voir. J’ai revu aussi Helmet récemment. Même si le groupe se limite à Page Hamilton entouré d’autres musiciens, ils assurent toujours. Je traîne souvent avec Nels Cline, un guitariste qui jouait à l’époque avec Mike Watt, qui a évolué vers le jazz et a rejoint Wilco depuis lors. De nombreux musiciens de l’époque ont suivi leur propre voie, comme les membres de Sonic Youth. Et bien évidemment Redd Kross, qui tourne toujours. Avec le recul, j’ai l’impression que les gens un peu plus intelligents et qui ont su prendre soin d’eux-mêmes parviennent encore à apprécier ce qu’ils font. Ils continuent à jouer de la musique avec plaisir, même si le pic de leur carrière est déjà loin derrière eux.
GMD : À la fin des années 90, tu as quitté Chicago pour t’installer à Nashville. Les autres membres du groupe sont également répartis aux quatre coins des États-Unis. Est-ce que ça vous a posé des problèmes au moment de vous remettre au travail ?
Duane Denison : Nashville est notre QG depuis un bon bout de temps. La ville a une position centrale. C’est plus simple de nous rejoindre ici en venant de New York, Los Angeles et Chicago. On a ici accès à différents studios pour travailler tous ensemble. Nous avons atteint ce stade dans nos vies où nous pouvons nous permettre de travailler de cette manière, alors pourquoi s’en priver ? Quand nous avions 20 ans, nous avions à peine de quoi manger ou mettre du carburant dans la voiture, ça aurait été beaucoup plus compliqué.
GMD : Musicalement parlant, Nashville n’est pas un endroit neutre. C’est un des berceaux de la country. Cet héritage influence-t-il ton jeu à la guitare ?
Duane Denison : D’un côté, Nashville porte cette tradition country. Et j’ai joué avec de nombreux musiciens de la scène country, comme Hank Williams III, Bobby Bare Jr ou même le groupe de rockabilly Legendary Shack Shakers. Mais pour moi, c’est un aspect totalement différent de ma relation à la musique, qui ne déteint absolument pas sur The Jesus Lizard. Je n’ai jamais voulu intégrer cette influence dans The Jesus Lizard et je ne pense pas que les autres membres du groupe l’auraient accepté. D’un autre côté, Nashville s’est ouverte à d’autres courants musicaux au cours des 25 dernières années. Beaucoup d’artistes rock se sont installés ici, comme Jack White, The Black Keys ou Kings of Leon. C’est devenu une ville beaucoup plus cosmopolite.
GMD : Quelle est la formule magique derrière The Jesus Lizard ? Tous les membres semblent avoir des personnalités tellement différentes. Tu incarnes le calme, voire la sagesse, alors que David Yow est un des frontmen les plus déjantés de l’histoire du rock. Quel est votre secret ?
Duane Denison : Je vois ce à quoi tu fais référence. D’une certaine manière, quand on se retrouve tous les quatre, tout devient différent. On joue subitement d’une manière totalement différente de ce que nous faisons avec d’autres musiciens. Tu mets Mac McNeely à la batterie et David Sims à la basse et tu obtiens une base très intéressante. Puis si tu ajoutes mon jeu de guitare, ça donne déjà quelque chose de très différent. Et pour terminer, les parties vocales de David Yow viennent encore tout chambouler. Je pense tout simplement que cette histoire que nous avons écrite ensemble fait qu’en tant qu’êtres humains, avec des personnalités très différentes, nous arrivons à travailler ensemble pour atteindre ce résultat. On apporte chacun une pierre différente à l’édifice et c’est certainement le secret du succès des groupes qui tiennent sur la durée.
GMD : Est-ce que ça signifie que chaque membre du groupe, pris individuellement, est irremplaçable ?
Duane Denison : Oui. À une époque, on a brièvement expérimenté avec un autre batteur, mais ce n’était pas la même chose. Notre manière de jouer, de composer, de penser, fait que nous ne sommes pas le genre de groupe où un membre peut facilement être remplacé. Accepter un nouveau membre, lui dire quoi faire et espérer que la magie opère ne fonctionnerait jamais avec nous.
GMD : Après la sortie de Rack, vous avez enchaîné avec une tournée aux USA, avant d’embarquer pour quelques dates en Grande-Bretagne en début d’année et finalement la tournée européenne au printemps. Comment le public réagit-il ?
Duane Denison : Pratiquement tous les concerts se sont joués à guichets fermés. Le public semble très réceptif au nouveau répertoire. Mais au-delà de l’accueil du public, je suis surtout très satisfait de nos prestations. On joue une setlist relativement longue, complétée par un ou deux rappels. Je trouve que, malgré nos âges, nous sommes parvenus à gérer notre effort et ne pas nous griller immédiatement. L’objectif de la tournée, ce n’est pas uniquement de faire acte de présence, faire la fête et recroiser de vieilles connaissances. On est là pour jouer de la musique. Les gens paient pour écouter notre musique sur scène, pas pour nous voir débarquer déchirés et faire les zouaves.
GMD : Tu dis que vous avez vieilli. Mais votre public a vieilli aussi. Est-ce que la fan base de The Jesus Lizard s’est renouvelée depuis 25 ans ? Est-ce que vous croisez des ados dans le public, ou peut-être des fans de la première heure qui viennent vous voir avec leurs gosses ?
Duane Denison : Un peu tout ça à la fois. On revoit effectivement des têtes connues depuis 25 ou 30 ans. Ils sont toujours au rendez-vous et je peux dire qu’ils ont autant vieilli que nous, c’est indéniable (rires). Certains ramènent leurs potes ou leurs enfants. Mais on voit aussi toute une nouvelle génération qui nous suit et qui semble nous avoir découverts sur les réseaux. Les disquaires ne sont plus aussi populaires qu’à l’époque. Fouiller les bacs, avoir son oreille attirée par la musique qui passe dans le magasin, aller voir le vendeur et demander qui est ce groupe ou même regarder la liste des prochaines sorties ou des groupes de passage dans la région sur un tableau… tout ça n’existe pratiquement plus. Il reste quelques disquaires qui font de la résistance, mais la source principale pour découvrir de nouvelles musiques, c’est internet. Et néanmoins, cette réalité joue plutôt en notre faveur. On voit beaucoup de jeunes groupes qui nous mentionnent et parlent même de notre héritage comme source d’inspiration. Sans doute que de jeunes fans de rock bruyant vont voir ce qu’on fait et ils constatent qu’on est bien plus qu’un groupe de vieux briscards qui se retrouvent dans un trip nostalgique. Chaque soir sur scène, on se casse le cul, on donne tout, on joue à fond. On n’est pas là pour la posture et ça attire aussi un public plus jeune et plus curieux.
GMD : Tu as joué dans d’autres groupes que The Jesus Lizard. Il y a forcément Tomahawk (avec Mike Patton et John Stanier notamment, batteur d’Helmet), mais aussi USSA, projet éphémère avec Paul Barker, l’ancien bassiste de Ministry. Qu’y a-t-il de différent à jouer dans ces projets ?
Duane Denison : C’était totalement différent. En particulier avec Tomahawk, parce qu’il s’agit d’un ensemble de personnalités très fortes, des mecs de très haut niveau, et surtout des musiciens pro qui ont un agenda déjà bien rempli. Plus tu t’éloignes de la scène DIY, plus tu te retrouves pressé par le temps, parce que chaque minute compte. Les fenêtres pour se voir et jouer sont très étroites, les sessions de répétitions sont comptées et on ressent un peu plus de pression. Alors qu’avec The Jesus Lizard, on s’accorde un peu de marge pour se préparer, on ne ressent jamais l’urgence. Mais j’accompagne aussi régulièrement d’autres musiciens de la scène de Nashville comme Hank Williams III ou Bobby Bare Jr. Là, c’est un travail complètement différent, puisque je joue le répertoire d’autres musiciens. J’apporte forcément ma touche personnelle, mais il s’agit quand même de jouer ce que je pense qui est attendu de moi. C’est un job, en réalité : je dois répondre à une certaine attente.
GMD : Accompagner d’autres musiciens, c’est quelque chose que tu apprécies ?
Duane Denison : C’est toujours appréciable de ne pas être celui sur qui reposent les décisions. Beaucoup de gens préfèrent être dans le rôle de l’exécutant et moins dans la prise de décision. Ça peut avoir ses avantages : tu te présentes, tu joues ce qu’on te demande et tu fais le job. Mais au bout d’un moment, et surtout avec l’âge, tu commences à te poser des questions. Pourquoi jouer tel passage de cette façon ? Pourquoi ils veulent que je joue ce truc qui n’a aucun sens pour moi ? Et pourtant, on te paie pour ne pas remettre en question ces décisions. Alors oui, d’une manière, j’apprécie ce rôle plus passif… mais jusqu’à un certain point.
GMD : As-tu d’autres projets sur le feu à court terme, en dehors de The Jesus Lizard ?
Duane Denison : Oui, je suis toujours très occupé. L’un des miracles d’internet, c’est de pouvoir donner des cours de guitare à distance 2 jours par semaine. Je suis également impliqué dans des projets plus jazz et je continue à travailler avec des musiciens de la scène country de Nashville.
GMD : Tu es un musicien expérimenté, qui maîtrise de nombreux styles différents. À ton niveau, est-ce encore possible d’apprendre de nouvelles techniques ?
Duane Denison : Bien sûr. Si je prends l’exemple de Bobby Bare Jr, j’ai dû mémoriser 25 nouvelles chansons pour un concert d’hommage au répertoire de son père, Bobby Bare, qui rassemblait également des artistes comme Lucinda Williams ou Emylou Harris. Je me procure régulièrement des partitions et des ouvrages de théorie musicale, pour disséquer les techniques, les styles, dans tous les genres, du jazz à l’afro-pop en passant par la musique classique contemporaine. J’ai appris le solfège quand j’étais encore enfant. À partir de là, j’ai toujours expérimenté en lisant la musique. Beaucoup de guitaristes enrichissent leur jeu en se copiant les uns les autres, c’est même la base du rythm’n’blues. Il n’y a rien de mal à ça. Mais quand tu peux lire la musique, tu peux pousser l’expérimentation beaucoup plus loin, en réinterprétant des partitions qui n’ont parfois jamais été enregistrées sur disque. Ça a toujours été ma manière d’explorer de nouveaux styles.
GMD : Revenons à l’album Rack. Quels sont tes morceaux préférés sur ce disque, et pourquoi ?
Duane Denison : J’aime beaucoup "Alexis Feels Sick". C’est un morceau un peu plus atmosphérique, qui s’écarte du modèle du rouleau compresseur, et apporte un côté peut-être plus spatial. À l’inverse, "Moto(R)" fonctionne très bien sur un schéma de chanson rock très simple, trois accords et pan dans ta face, à la Motörhead.
GMD : Et quelques chansons de l’ancien répertoire que tu préfères ?
Duane Denison : Difficile à dire. Je pense que depuis nos débuts, on a dû jouer entre 1000 et 1500 concerts. Si tu y ajoutes les répétitions, les enregistrements, les soundchecks, je dois avoir joué certaines chansons au moins 2000 ou 3000 fois. À un moment, tu es obligé de trouver une raison à ce que tu fais, autrement ces chansons se vident de leur sens. Le risque, c’est que ça devienne une activité routinière, ce n’est plus de la musique. Pour moi, l’étincelle qui maintient ces chansons en vie, c’est de voir qu’elles prennent une toute autre dimension dès qu’on les joue live. On voit dans la réaction du public que ces gens-là ne les ont pas entendues 2000 fois ! Parfois, ils l’entendent pour la première fois, ou ils ont attendu ce moment depuis 20 ans ! C’est à ce moment-là que ces chansons prennent vie. Parmi ces anciens morceaux, je ressens toujours une excitation très forte au moment de jouer "Gladiator". Pour des raisons très différentes, j’apprécie vraiment jouer "Nub" parce que les parties de guitare contiennent beaucoup de noise et de feedback, ce qui est un peu moins contraignant physiquement. Il y a aussi de vieux morceaux plus atmosphériques comme "My Own Urine", avec cette vibe rockabilly presque perverse.
GMD : Lorsque j’ai entendu « What If » sur le nouvel album, il m’a semblé que la ligne de basse sonnait comme certains morceaux de Shellac, notamment la plage d’intro de l’album Terraform. Shellac est aussi un groupe qui devait opérer un grand retour en 2024, mais qui a été stoppé net par le décès de Steve Albini. À quel point le décès de Steve t’a-t-il affecté ?
Duane Denison : Tout d’abord, je ne souscris pas du tout à l’idée d’une ressemblance quelconque entre "What If?" et Shellac. Je ne m’aventurerais pas dans cette comparaison. J’ai forcément été très attristé par le décès de Steve. Je suis d’autant plus attristé que pendant une longue période, nous avons été en froid avec Steve et nous ne nous parlions plus. Cette situation remonte aux années 90, lorsque The Jesus Lizard a signé sur une major. Visiblement ça n'a pas plu à Steve Albini, qui y voyait une rupture avec la scène indie rock. Alors qu’il me semble que de son côté, produire des albums pour des majors ne l’a jamais dérangé, n’est-ce pas ? Cette tension entre nous a perduré pendant très longtemps. Mais il y a quelques années, Todd Trainer (NDLR : batteur de Shellac) m’invite à un concert de Shellac à Nashville. Je ne pense pas qu’il avait averti Steve de ma présence. Je suis allé les voir, excellent concert, et je suis allé leur parler en coulisses après le show. La première réaction de Steve a été : "qu’est-ce que tu fous ici ?". Mais on a pris le temps de parler, de s’expliquer et on a finalement passé un très bon moment, sans rancœur ni animosité. J’avais hâte de le revoir. Malheureusement, je n’ai plus eu l’occasion de le recroiser alors que j’avais encore beaucoup de choses à lui dire. J’en suis profondément attristé.
GMD : Après la parution de Rack, vous avez sorti au compte-gouttes 3 chansons issues de ces sessions d’enregistrement, qui figurent sur un EP paru pour le Record Store Day. C’est une nouvelle façon de travailler à l’ère des réseaux sociaux et du besoin d’occuper le terrain ?
Duane Denison : Je ne pense pas que ce soit si nouveau que ça. À chaque album, il reste toujours quelques morceaux qui n’entraient pas dans le tracklisting final. Un album de The Jesus Lizard se limite en général à 35 ou 40 minutes. Ça ne sert rien de tirer plus en longueur. La stratégie vient d’un commun accord avec la maison de disques : on a gardé quelques chansons sous le coude que l’on a sorties l’une après l’autre, avant de les compiler sur un vinyle pour le Record Store Day. Tout le monde aimait l’idée. Ceci dit, ça reste un bon disque. Les trois chansons sont très différentes, mais elles se marient à merveille. Le public a l’air d’apprécier la démarche également.
GMD : Vous avez donc sorti Rack en 2024, complété par un EP supplémentaire et plusieurs tournées aux USA et en Europe. Quels sont les plans après ce programme déjà très chargé ?
Duane Denison : J’ai appris qu’il ne faut jamais tirer de plans sur la comète. Pour l’instant, notre seule ambition, c’est d’aller au bout du plan actuel. La tournée sur la côte ouest, l’Europe, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Japon et enfin un retour dans le Midwest. Si on arrive à boucler tout ça sans que personne ne termine à l’hôpital ou en prison, ce sera déjà un exploit en soi. Ensuite on verra. Ce sera peut-être le point final ou le début d’autre chose. Qui sait ?
En concert près de chez toi:
- 17 mai - Paris - Elysée Montmartre
- 18 mai - Bruxelles - Le Botanique
- 30 mai - Lausanne - Les Docks
- 04 juin - Lyon - L'Epicerie Moderne Feyzin