Saturday Night
C’est quoi, le SNL ? Que signifient réellement ces trois lettres ? Non, le Saturday Night Live, ce ne sont pas des stars. Pas uniquement. Non, le SNL, ce ne sont pas des sketchs, pas seulement. Non, le SNL, ce ne sont pas que des gags, du live et des surprises. Non, le SNL n’est pas non plus une institution, ni une méthode. Pas uniquement.
En 1975, à quelques minutes de la première, le jeune Lorne Michaels doit répondre, les yeux dans les yeux, à cette question posée par l’un des pontes de la chaîne NBC. Le producteur cherche, tente de botter en touche, avant de trouver les mots : “c’est une nuit blanche en ville. Croiser Richard Pryor par hasard et Paul Simon titubant dans un bar merdique. C’est tout ce que l’on pense qu’il nous arrivera quand on débarquera en ville”.
C’est cela Saturday Night Live, c’est une nuit à New York City, avec tout ce que cela compte de rencontres improbables et de dangers imminents. C’est le drôle, le fou, le torride, le politique, le déviant, le bide et le succès en une même phrase, un même sketch; la reconnaissance, la défaite, la drogue et l’alcool, la nuit sans fin et sa galerie de personnages.
Et peu importe si ces mots ont réellement été prononcés (ils le sont en tout cas dans le film Saturday Night de Jason Reitman, retraçant cette folle nuit de première). Ces mots sont justes. Tout comme le film, incroyable explosion pop de sosies convaincants (mentions spéciales à Cory Michael Smith en Chevy Chase et Dylan O'Brien en Dan Aykroyd), étourdissant récit d’une nuit historique (le film raconte en temps réel les dernières 90 minutes avant la diffusion du tout premier épisode du SNL, on y voit les tensions, les rires et le travail acharné des auteurs et de l’équipe technique).
Mais le SNL ne serait pas le SNL sans ses invités musicaux. Et le film l’est démesurément, musical, grâce au pianiste, compositeur et bandleader Jon Batiste, qui signe une bande originale étourdissante, faite de rythmes extravagants, omniprésents même, contribuant grandement à l’immense tension qui ne cesse de grandir. Ce même Jon Batiste excelle dans le rôle de Billy Preston, tout premier invité musical du show. Sa courte, très courte apparition, parvient pourtant à raconter la bizarrerie de l’époque, son racisme aussi, ses conflits sociaux… Bluffant, il faut bien l’admettre. (Nico P.)