Dossier

Roadburn 2017: favoris et outsiders

par Albin, le 19 avril 2017

Cinq scènes, une réputation en béton armé et l’assurance de louper au moins 15 concerts légendaires qui vont se chevaucher, le Roadburn, c’est aussi le meilleur moyen de claquer 500 balles en merch en un long week-end. On s’y bouscule autant pour l’affiche 5 étoiles que pour les moments surréalistes passés aux Beekse Bergen : les festivaliers les plus aguerris ont pris pour habitude de coloniser les jungalows de ce parc animalier situé à quelques bornes des concerts. Ambiance girafes, zèbres et léopards au bord du lac le matin avant d’aller se péter les oreilles toute la journée. Non, vraiment, le Roadburn n’a pas son pareil.

Accessoirement, c’est un festival qui se déroule entièrement en intérieur, ce qui garantit une qualité sonore plus élevée que la moyenne des grandes fiestas rock. Pour l’anecdote, c’est le seul festoche où j’ai vu des gens faire la file pour serrer la pince de l’ingé son après une prestation aux petits oignons de Yob.

Si vous hésitez encore à vous ruer sur les derniers tickets encore disponibles, nous vous avons concocté une sélection de 6 valeurs sûres et 6 outsiders qu’on a pris soin d’entourer au stabilo sur des programmes qu’on aura de toute façon paumés au bout d’une heure. Coups de coeur 100% subjectifs et totalement décomplexés, qui prennent soin d'éviter les grosses cylindrées (Deafheaven, Baroness, My Dying Bride, Chelsea Wolfe, Magma, etc.)

Les incontournables

Cobalt

samedi 22/04 – Green Room – 15h20

Dès ses débuts, Cobalt était presque exclusivement un groupe de studio. Et pour cause : la moitié de ce duo étant engagée dans les forces armées US, il était un peu compliqué d’interrompre une mission en Irak pour aller gueuler sur une scène de festival. Le groupe en a profité pour se construire un statut de groupe culte, mêlant influences black metal et sludge, avec notamment deux albums incontournables : Eater of the Birds en 2007 et Gin en 2009. L’an dernier, Cobalt opérait son grand retour avec un line-up remodelé et sous le coude un album complètement dingue : Slow Forever ou plus de 80 minutes de fureur brute. Cette tournée sera la première à passer par l’Europe après bientôt 15 ans d’existence. Un pari osé.

 

Oranssi Pazuzu

samedi 22/04 – Main Stage – 16h40

Ces Finlandais hurlent comme des bouffeurs de lames de rasoirs sur des ambiances sonores qui doivent autant au black metal qu’à l’ambient la plus planante. Inclassables, imperturbables et définitivement immanquables.

 

Amenra

Vendredi 21/04 – Main Stage – 20h40

Oui, on les a déjà vus 20 fois. Oui, à chaque fois on dit qu’on passera notre tour et finalement on y va quand même. Et pourtant, après coup, on se dit à chaque fois qu’on tient en Belgique un des meilleurs groupes de scène de tous les temps. Vu qu’un sixième album est annoncé pour cette année, ce sera sans doute l’occasion de goûter un répertoire inédit. Pour l’ambiance, ce sera comme d’hab : toutes lumières éteintes, set monolithique et chanteur qui tourne le dos au public. By the way, trois heures plus tôt, sur la même scène, Oathbreaker aura déjà remis notre plat pays au centre des débats. Une affaire de famille.

 



Big Business

Vendredi 21/04 – Green Room – 18h

Le duo basse-batterie va comme à son habitude cogner fort. Le dernier album en date laisse présager de sacrées envolées. Vu que les mecs ne se prennent pas du tout au sérieux, c’est sans doute le seul groupe de l’affiche qui serait capable de déclencher une farandole.

 

Gnod

Jeudi 20/04 – Het Patronaat – 19h40
Vendredi 21/04 – Green Room – 22h40
Samedi 22/04 – Green Room – 17h (Gnod vs. Kuro)
Dimanche 23/04 – Main Stage – 15h (Temple ov BVV)

Gnod n’a jamais rien fait à moitié. Après 10 ans d’existence, le groupe a facturé en moyenne un album par an, passant de la noise au doom, du dub à l’electro, du space rock au free jazz. En comptant les CD-R faits main vendus au kilo pendant les concerts, les splits et les side-projects, on peut facilement multiplier leur discographie par cinq. Pour rendre hommage à cette production boulimique, le collectif de Manchester se produira 4 fois en 4 jours, dont une en collaboration avec Kuro et une autre avec les locaux de Radar Men From the Moon (sous l’étiquette Temple ov BVV). Le pire, c’est qu’en 4 heures, ils vont nous laisser sur un goût de trop peu. 

 

Coven

Jeudi 20/04 - Main Stage - 20h20

Le Roadburn a pris pour habitude de ressusciter l'un ou l'autre groupe mythique pour une performance historique. Cette année, ce sont les Américains de Coven qui renaissent de leurs cendres. Considéré comme l'un des premiers groupes psychédéliques à revendiquer ouvertement ses influences occultes, Coven a sorti en 1969 l'album culte Witchcraft Destroys Minds and Reaps Souls. Le disque est une des pierres angulaires du mariage entre le psychédélisme et les références assumées au satanisme. C'est d'ailleurs sur la pochette de cet album que l'on trouve une des premières apparitions des "cornes" depuis lors brandies fièrement à chaque concert de metal digne de ce nom. 

 

Les outsiders

Zeal & Ardor

Vendredi 21/04 – Het Patronaat – 23h

Dans la catégorie des improbables, Zeal & Ardor tient le haut du pavé : projet d’un seul homme – Manu Gagneux, un Suisse installé à New York – la bête réalise un grand écart permanent entre blues, gospel, black metal, electro et se permet par moments d’agrémenter le tout des quelques ambiances de comptines. Littéralement « inqualifiable », le premier album Devil is Fine est un déluge constant dans lequel se télescopent tous les sous-genres précités. Seule ombre au tableau : ils sont programmés en même temps que Baroness et l’une des prestations de Gnod. Choisir, c’est renoncer.

 

The Bug vs. Dylan Carlson

Samedi 22/04 – Main Stage – 15h

Deux univers différents, mais deux approches fondamentalement similaires de la question. A ma gauche, Kevin Martin, aka The Bug, qui a pris pour habitude de décortiquer les codes du hip hop et du dubstep pour le compte de Ninja Tune. L’homme triture, mélange, expérimente et extrait de ses tubes une essence minimaliste propre au label londonien.

A ma droite, Dylan Carlson, la tête pensante de Earth, groupe adulé par tous les fans de doom, qui depuis les années 90 pose les jalons du drone en ralentissant le jeu de guitare jusqu’à atteindre une forme d’asphyxie.   

En 2014, les deux expérimentateurs avaient déjà commis ensemble un premier EP fort remarqué. Ils reviennent cette année avec un album long format qui sera présenté sur scène. Ou la confrontation des machines et des amplis qui partent en larsens.

Author & Punisher

Dimanche 23/04 – Green Room – 16h

On fait difficilement plus DIY : le mec est ingénieur mécanique, fils d’ingénieur mécanique, petit-fils d’ingénieur mécanique. Alors quand tu es passionné de doom et de metal indus, autant construire toi-même tes machines pour produire un boucan dont les instruments traditionnels seraient incapables. Sur scène, le résultat évoque à la fois Jules Verne et les précurseurs de la musique noise industrielle. Sans doute une des prestations les plus lourdes et violentes de cette édition 2017.

 

Drow Elixir

Jeudi 20/04 – Green Room – 23h40

Peu d’éléments ont été divulgués au sujet de ce side-project de membres du combo black metal américain Wolves In The Throne Room. Il sera officiellement question « d’illusions, de projections, de manipulations sonores et de techniques archaïques ». De quoi attirer les curieux. Attention quand même à la désillusion si ça vire à la fumisterie.

Batushka

Jeudi 20/04 – Het Patronaat – 23h10

Que serait le Roadburn sans un bon concert d’encapuchonnés ? Cahier des charges rempli de la première à la dernière ligne avec ces 8 Polonais qui, paraît-il, sont issus de groupes légendaires de la scène metal mais prennent soin d’entretenir le mystère autour de leurs propres identités. Tout le kit du set assumé 100% blasphématoire est ici réuni : accoutrements de prêtres orthodoxes, tapisseries scéniques représentant des scènes bibliques, cierges et patchouli, hurlements black metal et décharges doom. De quoi désacraliser une nouvelle fois les vitraux du Patronaat. Pour ceux qui auraient loupé leur tour, les Suisses de Schammasch proposeront une séance de rattrapage le lendemain.

 

Hedvig Mollestad Trio

Vendredi 21/04 – Extase – 21h40

Parce que le Roadburn est aussi une histoire de meufs (Chelsea Wolfe, SubRosa, Oathbreaker, Coven, Emma Ruth Rundle, Magma, etc.), les programmateurs ont le bon goût de proposer cette année le Hedvig Mollestad Trio, combo psyché instrumental norvégien qui gravite autour de la surdouée de la six-cordes Hedvig Mollestad Thomassen. Issue de la scène free-jazz, celle-ci proposera des envolées trippantes qui lui assurent une place auprès des pionniers du genre que sont Motorpsycho, Papir ou Black Bombaim.