ununbium EP

Grischa Lichtenberger

Raster Noton – 2009
par Simon, le 13 janvier 2010
8

Après avoir été fièrement été intronisée par les Japonais de NHK, la série unun (en référence aux  tables atomiques grecques) se poursuit avec ununbium, qui voit le Berlinois Grischa Lichtenberger prendre les commandes du deuxième volet du décadent projet consacré à la techno expérimentale. Et Grischa a beau essayer de justifier ces cinq titres comme une retranscription digitale du monde qui l’entoure (notamment le Rhin), on retiendra surtout la puissance du propos, voie directe vers la déconstruction techno. Car ununbium est une montagne de beats en décomposition, de samples torsadés à l’extrême et d’origamis digitaux presque noise. Raster Noton oblige, le son est deux temps en avance, coincé dans l’obsession technologique qui caractérise les technomonstres du label allemand. Une ombre générale plane sur ununbium, celle d’Autechre et du mythe d’une musique électronique qui avance en micro-rythmes syncopés, qui boite pour mieux vous  sauter à la carotide, toujours avec lenteur et décontraction (en témoigne l’étonnamment paisible « Calypso » avec ses guitares gipsy et ses frictions noise).

Si cette vermine électronique a été statufiée par les Anglais d’Autechre avec Confield, ununbium en est le prolongement digital : forcément non loin du son chirurgical de Ryoji Ikeda, des équations percussives d’un Alva Noto période Unitxt ou des lignes de code de SND. Bref, ce vinyl rassemble en cinq titres tout ce qu’on aime chez Raster Noton, cette fois sous la forme avancée d’une post-techno industrielle au fort goût de télécopieur et autres fax, le tout dans une forme hautement expérimentale. Négation quasi absolue de la mélodie (sauf si le chant des machines à café vous fait rêver) mêlée à la puissance d’un réacteur nucléaire, cet EP possède en lui, derrière sa rigueur première, une force qui confirme tout le bien-fondé de cette série en devenir. Dieu est une imprimante, c’est Grischa qui me l’a dit.