The Great Escape

Larry June & The Alchemist

Empire – 2023
par Aurélien, le 11 avril 2023
7

The Alchemist, on ne le présente plus : malgré ses 45 printemps, le digger / producteur n’en finit plus d’enchaîner les cartons. À la manière d’un Madlib, le temps n'a aucune emprise sur le Californien qui pioche, bon an, mal an, dans une cargaison de samples toujours plus impressionnante; et tout cela avec une Midas touch qui lui permet d'adapter l'ambiance en fonction de son interlocuteur. Après des collaborations remarquées et remarquables avec Roc Marciano ou Freddie Gibbs, le producteur s’est amouraché de Larry June, chantre du stoner rap et énième victime du syndrome Curren$y. En effet, seul ou bien accompagné, le Californien enchaîne depuis une décennie les projets sans trop modifier sa recette : si les bons titres côtoient des choses plus anecdotiques, c'est toujours pour évoquer sa passion pour les jus de fruits frais ou les benjamins qui s’amoncèlent sur son compte en banque. Alors oui, les quinze titres de The Great Escape ne transpirent pas l’audace, mais cela n’empêche pas le plaisir d’écoute d’être au rendez-vous.

Car le respect du cahier des charges est total, et The Great Escape correspond à ce qu’on pouvait attendre d’une telle collaboration : c’est une musique qui sent bon le bitume chaud, les embruns de la Bay Area et les joints de cali kush pure. Tout ce qui a toujours fait le le sel des meilleurs sorties de Larry June en somme. Mais voilà, c’est Alan Maman qui est aux manettes de ce disque-là, et ça s’entend très vite : tout y est plus précis, plus léché, plus aéré. Bref, tout est mis en place pour permettre au rappeur californien et à sa myriade d’invités de créer une musique de l’instant, où tout se met en place naturellement. Il n’y a qu’à écouter "Ocean Sounds" ou "60 Days" pour comprendre que l’alliance fonctionne à la perfection, avec un on-ne-sait-quoi de soulful qui permet à The Great Escape de prendre une dimension bien à lui. Et si le disque n’est pas exempt de titres un en-dessous du reste (la faute peut-être à quelques featurings de trop), c’est dans ses moments les plus simples, quand le beat se fait discret et le BPM léthargique, que The Great Escape est le plus attachant.

Sans entraîner de révolution dans son sillage, The Great Escape remplit parfaitement ses promesses de disque feel good qui incarne l’été dès le printemps. S’il est évident qu’il n’est qu’un "simple" bon disque à mettre à l’actif de l’alchimiste, il est clairement une consécration pour Larry June qui prouve, sans faire trop d’infidélités à sa façon de travailler, qu’il est bien un diamant brut qui mérite d'être poli par la main d'un des plus grands joailliers du rap jeu.

Le goût des autres :