The Book of Souls

Iron Maiden

Parlophone Records – 2015
par Simon, le 11 octobre 2015
8

Après 40 ans de carrière et 90 millions d’albums vendus dans le monde, le papier d’un scribouillard de notre organisation à propos du dernier Iron Maiden ne pèse absolument rien. Ici, la notion même d’avis ou de chronique est tout simplement ridicule. Parce que Iron Maiden c’est autre chose, c’est un produit qui échappe nécessairement au rationnel, c’est la confrontation à la légende, trop large pour être évitée au moment d’en discuter. Le but premier de cette chronique n’était d’ailleurs pas de vous inciter à écouter ou non cet album - a priori on s’en fout un peu pour être honnêtes. Si ce papier devait avoir une mission, ce serait celle de tirer notre chapeau et de montrer notre respect éternel à un groupe capable de bander dur après une demie vie à balancer du riff par camions, sur toutes les scènes du monde. Le pari fou qui les amènera à être au-dessus de tous débats strictement musicaux. Pour les bonnes raisons, souvent.

Un retour amorcé après la sortie d’un Final Frontier très cool, qui témoigne de la confiance que respirent nos papys : premier double-album en quarante ans de travail, des titres de 18 minutes et une heure et demie de musique pour des vétérans à qui on ne prêterait pourtant plus aucune ambition. Paie ton respect éternel. Mais à la question de savoir quelle est la réelle opportunité d’un énième disque de Maiden, on répondra que ce genre d’interrogations n’a simplement pas lieu d’être. Le carrière de la bande à Bruce Dickinson est bien trop verticalement intégrée et ses membres bien trop talentueux pour décevoir sur la longueur d’un album. Car, si le modèle de composition des Anglais les amène à sortir « tout le temps le même titre » à en entendre certains, il tiendrait de l’insulte et du non-sens de ne pas voir à quel point les offrandes d’Iron Maiden puent la classe et la composition heavy metal de Dieu le Père sur long format.

En fait, le débat n’est pas de savoir si ce disque est bon ou non (après un paquet d’écoutes, on vous confirme qu’il est assez démentiel) mais plutôt de savoir l’affection que tu portes à ce sextet mythique et à tout ce qu’il renvoie en matière d’esthétique et de gestion de carrière. Jauger ton amour du kitsch, du lyrisme vocal (mention spéciale à la captation presque live de la voix de Dickinson), de la surenchère de riffs et des chevauchées épiques à dos de dragon le temps d’une double plaque de haut niveau. Et puis, de temps en temps, goûter à du plus singulier (l’incroyable « Empire of The Clouds », et pas mal de titres du deuxième disque) au beau milieu d’une forêt de choses plus classiques mais néanmoins admirables (la deuxième moitié de « The Red And The Black, misère) et qui rempliront la set list des tournées interminables à venir. Se convaincre que derrière l’évidente unité de son et de composition, ces onze titres sont des boîtes à trésors infaillibles. Bref, tout un paquet de raisons qui font de The Book of Souls un disque qui comptera cette année. Les vieux les plus cool du heavy metal, sans l’ombre d’un doute.