The Black Sun Transmissions

Jasper TX

Fang Bomb – 2011
par Simon, le 19 juillet 2011
8

En raison d'une promotion plus que discrète, on ne s’attendait pas à un retour de Jasper TX. Pourtant, son label Fang Bomb demeure l'une des structures émergentes de la scène ambient/drone/modern classical, et il suffit de se pencher sur la très bonne collaboration entre Machinefabriek et Peter Broderick pour s’en convaincre. On ne s’y attendait pas donc, mais peu importe car ce neuvième album de Dag Rosenqvist est une nouvelle démonstration de force. The Black Sun Transmissions est un disque réellement à part, autant pour son auteur que pour l’auditeur. Cet album est une plaque troublante de maturité, qui possède une extrême conscience de l’itinéraire qu’il emprunte.

The Black Sun Transmissions est un mélange absolument délicieux (si cette expression collait seulement aux humeurs de ce disque) entre une orchestration néo-classique, des miasmes d’ambient relativement sombres et quelques articulations électro-acoustiques. Peu importe les genres, The Black Sun Transmissions est avant tout une question de tonalités et de couleurs données aux choses, un travail attentif pour naviguer entre les lignes, s’approcher du vortex sans jamais y tomber. Ce énième LP est immensément triste. Pas d’une tristesse niaise mais plutôt d’un traumatisme profond : les cordes déchirantes sont toujours placées en retrait pour plus de sobriété (quoique leur présence rend un effet magnifique sur les émotions), l’essentiel de l’espace étant occupé par une musique ambient au grain clair et tendant vers la lumière. C’est sans compter sur la quantité de bruit blanc qui vient ci et là plonger l’ensemble dans un brouillard légèrement noisy – bien que le mur du son dans « All I Could Never Be » finira par vous décoller le diaphragme. Il y a de l’incertitude c’est clair, du spleen même, mais c’est véritablement le voyage entre toutes ces nuances de gris qui rend The Black Sun Transmissions aussi bon.

Ce disque est un polar qui se termine mal, une love story qui gicle sur plan large. On sent l’auteur en pleine catharsis, il souffre pas mal et ça se ressent sur disque. Impossible d’y échapper une fois dedans, tout simplement parce que ce disque est total à sa manière, dans sa capacité à dérouler son drame en prenant soin de varier les hauteurs, les tons, les couleurs. Bref on ne s’y attendait peut-être pas, mais The Black Sun Transmissions est bien l’une des plus belles expériences sonores de cette année.