Solid Steel : Now, Listen Again

Dj Food & DK

Ninja Tune – 2007
par Simon, le 13 juillet 2007
7

Célèbre émission de radio animée par le vétéran Coldcut (créateur de l’incontournable label Ninja Tune), Solid Steel n’aura pas attendu de souffler ses vingt bougies pour grimper en ambition, et encore moins en popularité : en effet, à l’origine prévue pour partager de simples moments de bonheur musical sur des ondes, cette machine à broyer les tubes s’est vue propulsée sur le devant de la scène par un passage remarqué sur les ondes de BBC, à partir de là, le collectif voit sa corpulence se développer à une vitesse record, les artistes se pressent au portillon pour pouvoir animer ne serait-ce qu’un instant cette émission devenue légende urbaine au travers de la (bien nommée) série de compilations Solid Steel .

Derniers en date, Dj Food et DK renouvellent l’expérience en lançant ce Now, Listen Again (clin d’œil à leur précédente compilation Now, Listen). Sur la pochette, un compteur allant de 0 à 178 bpm pour unique indication, avertissement utile dont on saisira le sens une fois la compilation poussée dans la platine, car ici vous est proposé un véritable blind test de titres plus ou moins oubliés mais toujours aussi redoutables : Ram Jam, Primal Scream, Dj Format, TTC, Cut Chemist, Timbaland ou encore Aphex Twin se rencontrent dans le même club pour danser côte à côte, New Order se fait casser la gueule par une parade dubstep et Roots Manuva voit son flow posé sur des plages drum n’ bass survoltées. Tous se rencontrent dans une fresque éclectique dressée de main de maître par les deux compères. À la manière d’une séance intensive de turntablism les titres se recouvrent pour recréer de nouvelles productions entièrement inédites et ingénieuses, on se prend rapidement au jeu en tentant de déceler nos chansons de toujours de manière plus ou moins laborieuse (notamment un « Dans Le Club » étonnamment discret pour le coup) et on s’étonne souvent de voir à quel point ces titres trouvent une nouvelle jeunesse dans ces accouplements bâtards (New Order se paye ainsi un lifting urbain appréciable dans les bras de Part 2 et Fallacy pour un résultat au-delà de toutes espérances).

Au bout de ces 66 minutes d’intense partouze (32 titres tout de même), il reste de ce disque une virée dans ce que le hip-hop, le breakbeat, la soul (pour un final tout en douceur), la drum n’ bass, la ghettotech, le rock et autres, fait de meilleur et voit leur talent décuplé grâce à une émulation de tous les instants. Ce disque aurait pu aisément tomber dans la surenchère si les efforts et la technique des deux gaillards n’avaient été à ce point élevés car la démarche frôle en permanence avec le gouffre de la démonstration, mais l’équipe de Ninja Tune n’est définitivement pas de ceux-là, et c’est tant mieux.