Rolling Papers

Wiz Khalifa

Atlantic – 2011
par Thibaut, le 1 avril 2011
3

Signer sur une major est synonyme de Graal à atteindre pour bon nombre d'artistes. Internet aidant, la célébrité virtuelle est quasi-instantanée. MySpace (si si, ca existe encore!) ou Facebook, autant de médias dont les grosses maisons de disques se servent pour harponner les espoirs les plus prometteurs. Dans le monde du hip hop, les futures stars changent tous les mois. Sur la foi d'une tape ou d'un featuring avec un nom confirmé, web et majors s'emballent.

Malgré deux albums à son actif sur le label de Pittsburgh, Rostrum Records et un mini succès avec « Say Yeah », single samplant l'eurodance d'Alice Deejay, Wiz Khalifa a encore beaucoup à prouver. En 2010, la donne va vite changer avec la sortie en avril de la mixtape Kush And Orange Juice. Pour sa huitième sortie indépendante, le rappeur de Pennsylvanie frappe fort et truste les « trending topics » sur Twitter. Les fans se font de plus en plus nombreux (son Taylor Gang comme il aime à les appeler) et les critiques s'affolent. Il est vrai que le contenu est convaincant et qu'il est difficile d'y résister. D'ailleurs Atlantic Records ne va pas résister longtemps et va signer le phénomène sur la base du succès critique de la tape.

Dès lors, l'attente commence. Un album est assez vite annoncé et le premier single va vite rendre dingue l'internet. « Black And Yellow » (en référence aux couleurs de la ville de Pittsburgh et de son équipe de football américain) est un hit. Le genre de morceau qui ne quitte pas notre cerveau pendant des semaines et que l'on se prend à fredonner péniblement sous la douche. Produit par Stargate, producteur norvégien responsable notamment de l'imparable « Don't Stop The Music » de Rihanna, la meilleure vente de Wiz Khalifa atteint vite les sommets des charts et les 2 millions de téléchargements sont allègrement dépassés. Histoire d'enfoncer le clou, une nouvelle mixtape sort assez vite. Plus sombre et dure, Cabin Fever montre une autre facette de Wiz et malgré quelques redondances, les productions de Lex Luger notamment font mouche. Rolling Papers est donc attendu de pied ferme.

Mardi 29 mars 2011. Sortie officielle de l'album. Une semaine qu'il est disponible illégalement. Une semaine d'écoute. Pour être vraiment sûr. Cet album est mauvais. Pas entièrement non, mais disons qu'il est l'exemple type de l'emprise des majors sur les artistes. Rien ne dépasse, tout est lisse, formaté, calibré pour les radios et les pétasses de 17 ans. Wiz Khalifa est donc tombé dans le piège. Dès les premières mesures on sent l'embrouille: un piano dégoulinant, un beat rachitique et un refrain FM horrible, le ton est donné. Même le vétéran Too Short, en featuring sur "On My Level"  peine à éviter le naufrage. Stargate et son « Black And Yellow » permettent une respiration mais le producteur semble lui aussi gagner par l'ennui puisqu'il signe des productions étrangement similaires (le single «Roll Up » et « Wake Up »). L'ensemble ne décolle jamais, et même si le flow de Wiz Khalifa reste correct, la déferlante de refrains horripilants empêche l'auditeur de vraiment prendre du plaisir. On atteint même des sommets de médiocrité sur « Fly Solo », avec sa guitare acoustique pour feu de camp et le flow "Red Hot Chili Peppers" de Khalifa.

Pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris, Rolling Papers un album kleenex qui fera les beaux jours des fêtes étudiantes et des génériques de séries américaines. Surfer sur la vague sans prendre le moindre risque, tel semble être le credo de Wiz Khalifa. Dommage car le potentiel du rappeur de Pittsburgh est évident. Malheureusement, il est ici gâché par une non-ambition flagrante qui débouche sur un album insipide et vide.

Le goût des autres :
2 Soul Brotha 6 Laurent