Power Sucker

Young Widows

Temporary Residence Ltd – 2025
par Albin, le 7 mai 2025
7

Il arrive que les astres s’alignent parfaitement. Alors que 2024 aura consacré le retour tonitruant du noise rock dans les charts de fin d’année (les revenants The Jesus Lizard et feu Shellac, les mandales Chat Pile et DITZ), Young Widows décide de remettre le couvert avec Power Sucker, premier album studio depuis l’irréprochable Easy Pain paru en 2014. Difficile pourtant de taxer la bande de Louisville, Kentucky d’opportunisme malveillant. Voilà déjà un bout de temps que le groupe avait renoué avec les plaisirs de la scène sans faire grand mystère de ses envies de sortir une nouvelle galette.

Sans grande surprise, l’album démarre pied au plancher avec le rageur "The Darkest Side", qui allie tous les ingrédients de la recette Young Widows : énergie punk, refrain accrocheur et ce son plein de réverbération qui rappelle que l’Americana n’est jamais très loin. En deuxième position, "Every Bone" enfonce le clou un peu plus profondément, en alternant la lourdeur des riffs de guitare avec des effets d’écho poussés à l’extrême. Ces mêmes effets qu’on retrouve d’ailleurs en intro du single "Call Bullshit", plaqués sur une ligne de basse lubrifiée comme une tronçonneuse qui évoquerait par moments un hommage à Joy Division dopé aux anabolisants.

Les gimmicks étant posés, Young Widows récite ses gammes en variant les dosages. Le tempo ralentit, le chant se mue en spoken word, la mélodie se vide puis s’enrichit. Apparaissent alors d’autres fantômes : Swans, Slint et, peut-être plus étonnant, Godflesh s’invitent sur la longue liste d’influences dont les pores de cet album suent abondamment. Climax indiscutable du disque, "The Holy Net" s’impose comme un (head)banger avec sa rythmique puissante et punitive qui ponctue un riff de guitare d’un bon quintal sur la balance. Tu en veux encore ? Il en reste : l’écrasant "Total Fucking Clarity" fait preuve d’une violence rare et ne ferait pas tache sur le CV de Justin Broadrick.

Au final, Young Widows remet une copie parfaite et signe un retour maîtrisé de bout en bout. Les quelques aventures solo du frontman Evan Patterson (Jaye Jayle, Emma Ruth Rundle) auraient pu faire croire à un comeback assagi. Il n’en est rien et personne ne s’en plaindra. Power Sucker en met plein la tronche et c’est exactement ce qu’il nous fallait.

Le goût des autres :