Personal War

Birds In Row

Deatwish Inc – 2015
par Quentin, le 8 décembre 2015
8

Il y a 3 ans, les Français de Birds In Row t'envoyaient dans les gencives une grosse mandale punk-hardcore du nom de You, Me & The Violence. Le coup était brutal, tu as morflé. Péniblement tu t'es relevé, tu as ravalé ton sang, enlevé la poussière de tes fringues et allumé une clope. Le pire semblait être passé... Mais c'était sans compter sur Personal War, une furieuse claque qui te renvoie embrasser le plancher.

You, Me & The Violence et Personal War, deux albums qui exploitent le même champ lexical. Toujours cette idée de combat. Et puis surtout cette réflexion sur la place de l’individu au sein du combat. Face à la violence du précédent album, face à lui-même. Impossible de fuir. D'ailleurs, le nom du groupe lavallois vient du fait que bien que les oiseaux puissent s’envoler et vivre librement, ces derniers préfèrent rester sur les câbles, en file, comme des individus suivant la masse, bloqués par l’impossibilité de fuir sous peur d’un jugement massif. On ne trouve pas de réponses toutes faites sur Personal War, mais plutôt une longue réflexion sur les thématiques qui traversent chaque humain qui pense en tant que tel (la vie, l’amour et l’éthique du monde qui l’entoure).

Mais l'analogie va plus loin que le champ lexical puisque Personal War sonne comme la parfaite continuité de son prédécesseur. Sept titres qui transpirent la rage et l'urgence, l'immédiateté au service de l'efficacité. Après une courte intro annonçant le chaos qui suivra, "Torches" déboule. Une parfaite démonstration des moyens du groupe : une batterie qui joue à mille à l'heure, une basse lourde et un chant hurlé qui sonne véritablement comme un cri de guerre au milieu de la mélodie. A partir de là, Birds In Row est lancé et ne s'arrêtera plus pour personne. Les titres s'enchaînent, bien aidés par un format court, empêchant l'auditeur de décrocher.

Et pourtant, à l'inverse de la puissance déployée par cette musique, il y a toujours un sentiment paradoxal à l'écoute de ce groupe (ou d'autres de la même trempe comme Touché Amoré ou La Dispute). Quelque chose qui tient de la mélancolie. Dans "Comme un Légo", Alain Bashung parlait de « la force décuplée des perdants ». C’est précisément ce ressenti qui nous traverse à l’écoute du groupe. Une relation d’amour/haine, entre la fragilité, la peur du danger et la réaction puissante qu’elle peut engendrer.

Il est toujours dur d'écrire sur quelque chose qui vous retourne autant et va chercher dans ce qu'il y a de plus profond et de plus instinctif en vous : l'animalité. Mais en regard de tout ce qui a été dit, Birds In Row livre un album d'une violence qu'on pourrait croire nécessaire à tel point elle est salvatrice.