Outrun

Kavinsky

Record Makers – 2013
par Aurélien, le 15 mars 2013
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Depuis presque cinq ans qu'on l'attend au tournant, on commençait à croire que cette fripouille de Kavinsky ne se déciderait jamais à sortir sa première plaque et préférerait continuer à mixer bourré aux soirées du Social Club. Mais la donnée Drive a quelque peu bousculé les choses: le sympathique ''Nightcall'' s'est transformé, sans trop d'explications, en un vrai tube interplanétaire. On ne s'est donc pas trop étonnés de voir Outrun apparaître pour de bon dans l'agenda de Record Makers. Mais c'est surtout l'absence totale d'effets d'annonce et l'indifférence assez partagée qui nous a rendu méfiant sur la qualité du produit fini. Et à vrai dire, on avait vu juste.

Difficile de savoir par où commencer alors autant la faire courte: le tracklisting d'Outrun est rempli de redites, de fautes de goût et de lieux communs. Avec une première moitié faite d'inédits feignants et une deuxième moitié bourrée de titres datant de la création de son Myspace, difficile de savoir où est passée l'inspiration durant ces cinq années de reports incessants. Peut-être dans l'acquisition des droits pour les samples de Dragon Ball Z sur ''Rampage'' ou ''Blizzard''? Ou dans l'ajout de guitares nerveuses sur ''First Blood'' et ''Outrun''? Ce qui est certain, c'est que tout cela paraît bien stérile. Et la tentative miteuse de transformer cette collection de pistes en un concept album racontant une histoire est bien agaçante elle aussi: il n'y a en effet aucune cohérence dans cette galette, sinon dans l'hermétisme dérangeant qu'à son géniteur à placer le même rythme et le même clavier d'un morceau à un autre. Et c'est peu dire que Outrun contribue à la consanguinité d'une scène déjà en manque de fraîcheur malgré le succès transgénérationnel qu'elle recueille.

Alors il y a bien le coup de pouce bienvenu de SebastiAn à la production pour tenter (désespérement) de faire décoller l'ensemble sous une tonne de saturations diverses et variées. Mais ici encore, tout semble vain: Outrun veut défier la gravité mais finit par toucher un fond artistique pas forcément étonnant quand on sait que les plus récents acquis de son géniteur datent d'il y a trois ans déjà. Et il n'y a dans les sept nouveaux titres (seulement) révélés par cette plaque aucun standard suffisamment novateur pour voir en la musique de Kavos autre chose qu'un amas d'idées déjà exploitées, usées, et sur-recyclées. Moins proche d'un My Bloody Valentine que d'un Duke Nukem Forever au rayon des arlésiennes, Outrun est sans doute le pire album du courant French Touch avec le tout dernier (et on espère ultime) rejeton de Boys Noize. C'est à peu près tout, mais c'est déjà beaucoup trop de paragraphes pour parler d'un disque qui ne restera pas dans les annales.

Le goût des autres :
4 Denis 3 Soul Brotha