No Mercy For Love

Cannibale

Born Bad Records – 2017
par Gwen, le 20 mars 2017
8

Nous ne vous l’avons peut-être pas encore dit (ou suffisamment répété) mais Born Bad Records est sans doute le meilleur label français de l’univers de la fin des temps. Si la décence ne nous retenait pas par le col, nous aurions régulièrement envie de faire de gros bisous à JB Wizz, parfois même en y mettant la langue comme une racoleuse de premier plan.

Ces derniers mois, on a ainsi vu s’enchaîner tranquillou les remarquables sorties de François Virot, Le Villejuif Underground ou encore Group Doueh & Cheveu, en apnée dans la coolitude la plus absolue. Comme il en restait encore un peu dans le tuyau à l’approche du dixième anniversaire de la Maison, on se retrouve désormais les bras enroulés autour de No Mercy For Love et on se surprend à le serrer très très fort. Donc, voilà, c’est un ordre : Cannibale sera votre nouveau groupe préféré.

« Du garage tropical délivré par une équipe de quadras normands ». La définition semble sommaire mais elle a le mérite d’attirer l’attention. Dans les faits, ce premier album est un peu plus complexe que ça. Si les mecs sont bien quadras et nous proviennent bien de Normandie, leur univers est d’une infinie richesse (dixit Jenifer se retournant dans son fauteuil rouge, la pupille embuée, la lèvre frémissante).

Dans le panier, il y a leurs penchants caribéens, bien sûr, et puis tout un tas d’autres fragments qui se percutent avant de coaguler autour de douze titres imparables. Du Talking Heads peut-être... Ou est-ce The Specials ? Un phrasé furtif qui évoque Damon Albarn période sale gosse qui a trop chaud dans son survêt. Un esprit « câlin groupé dans la boue » qui rappelle les regrettés The Bewitched Hands. Et puis, il y a ces claviers. Il en faut de l’insolence pour sortir des touches comme celles-là, entre Ray Manzarek et l'animateur du Macumba Club qui aurait trébuché dans une caisse de champis. On dirait le Sud mais en plus sale.

No Mercy For Love donne le coup d’envoi du printemps, allumera les barbecues cet été et nous massera les épaules lorsqu’il nous faudra affronter la guillotine automnale. C’est déjà pas mal pour un premier album. Au fait, vous avez déjà entendu Nick Cave sous perfusion de piña colada ? Maintenant oui.