MY WOMAN

Angel Olsen

Jagjaguwar – 2016
par Quentin, le 29 septembre 2016
8

Retour en 2012: Angel Olsen nous fait baisser notre garde et fait fondre nos cœurs de rockeurs avec Half Way Home. Un disque qu'on ne peut pas qualifier de parfait mais grâce auquel on comprend vite le potentiel de la folkeuse américaine - "The Waiting" nous bousille à chaque écoute.

Dès ce moment précis, on sait aussi qu'on sera attentif au moindre mouvement de l'artiste. Et visiblement, Jagjaguwar se dit pareil puisque le label décide d'héberger Angel Olsen et de produire son deuxième album, l'abouti Burn Your Fire For No Witness. Un disque aux facettes multiples, qui nous fait découvrir un univers rempli de tensions et de textures. On commence alors à identifier ce qui nous touche tant dans l'oeuvre de la chanteuse. Il y a une forme d'authenticité et de fragilité dans le travail d'Angel Olsen, et c'est précisément ce qui le rend si touchant. Ses chansons, riches et profondes, sont aussi habitées par le désespoir. 

La dynamique imprimée à l'album, qui avait déjà fait ses preuves sur Burn Your Fire For No Witness, consiste à jouer l'alternance entre folk romantique et morceaux plus péchus. Et c'est justement sur ces derniers que se marque la différence car Angel Olsen envoie chier la routine, oublie sa timidité et s'affirme. En tête de liste, on pense à l'incroyable "Shut Up And Kiss Me" et ses guitares distordues, qui voit Angel Olsen s'aventurer dans des univers proches de ceux créer par Mitski, l'une des autres grandes gagnantes de l'année indie-folk. Une énergie qu'on retrouve aussi sur les très beaux "Give It Up" et "Not Gonna Kill You".

Mais tout cela ne doit pas nous faire oublier qu'Angel Olsen est capable de créer de beaux moments de tendresse - amour pour les synthés langoureux d'"Intern" et les guitares dramatiques de "Never Be Mine". Des compositions d'un autre temps mais qui parviennent néanmoins à affirmer leur modernité. Et puis surtout, comment parler de l'ambiance de l'album sans parler du chant de la demoiselle. Plus encore que la rythmique et les mélodies, c'est la voix d'Angel Olsen qui magnifie la fragilité de sa personne. Un rapide coup d'oeil aux paroles permet alors de comprendre la tension qui habite le disque et sa génitrice. 

Disque habité par la dichotomie, MY WOMAN est logiquement divisé en deux parties. Toutes les chansons "modern garage" dans la première partie, les ballades folk dans la seconde. Malgré cette ligne de démarcation assez claire, l'ensemble reste séduisant, complet et surtout rempli d'émotions. Angel Olsen avait l'embarras du choix au moment d'écrire ce nouvel album: elle aurait pu se tourner vers les sonorités 90's déjà exploitées sur Burn Your Fire For No Witness ou retourner vers ses racines folk. L'artiste a brillamment relevé le pari d'oser le mélange. Inutile de préciser qu'on la soutient à fond dans cette démarche pleine d'audace et d'honnêteté.