Maximum Balloon

Maximum Balloon

V2 – 2010
par Gwen, le 8 octobre 2010
7

Peut-on faire plus trendy que Dave Sitek? Décrire son parcours relève du laborieux exercice de name dropping, depuis sa fonction de guitariste au sein de TV On The Radio jusqu’à sa réputation de "golden touch producer" pour les Yeahs Yeah Yeahs, Liars, Foals ou la glamoureuse Scarlett Johansson. Mais l’homme aux allures de Kraftwerk 2.0 a des envies de hauteur (désolée, vanne obligatoire) et aimerait explorer plus avant ce que son abondant carnet d’adresses a à lui offrir. Quelques appels plus tard et le voilà prêt à exhiber son savoir-faire, lui aux commandes de l’Enterprise, les copains derrière la vitre du studio.

Pour cette première expérience de jeu en solo, toutes ses cartes n’ont malheureusement pas la même valeur… Parmi les réussites, on relèvera le bien nommé "Groove Me" balancé par le rapper-lover Theophilus London (qui ne répondra sans doute plus aux coups de téléphone de sa mère d’ici quelques mois tant son succès semble précipité), "Young Love", ballade synthétique vitalisée par Katrina Ford, "If You Return", comptine sifflotée par la charmante Yukimi Nagano (Little Dragon), "Tiger", petite gâterie façon Prince domptée par Aku Orraca-Tetteh (TV On The Radio) ou "The Lesson", variation à la Massive Attack servie par Holly Miranda (The Jealous Girlfriend).

A leurs côtés, on repère quelques productions gonflées à l’hélium (ok, celle-là n’était pas nécessaire) qui creusent le fossé. Sur "Communion", la féroce Karen O (Yeah Yeah Yeahs) glisse malencontrueusement les deux pieds dans les collants d’une Alison Goldfrapp un peu cheap, ne récupérant ses cris vengeurs qu’en fin de parcours. "Apartment Wrestling" donne une fois de plus l’occasion à David Byrne de davidbyrniser, l’homme pouvant chanter l’annuaire sur un air de polka qu’on y décelerait toujours l’influence des Talking Heads. Kyp Malone (Tv On The Radio) tente poussivement d’insuffler quelques saveurs soul à un "Shakedown" à la moiteur chloroformique.

En sa faveur - et à l’opposé d’un Mark Ronson qui privilégie largement la forme au fond – l’ambition première de Sitek ne semble pas de s’emparer des charts de force en les colonisant de ses créations hybrides. Sitek a du feeling. Sitek sait se servir de plus d’un instrument et communiquer avec ses homologues. Il flaire également ce qui agite le petit milieu arty : pouvoir se dandiner dans un vernissage sans crainte de se ridiculiser sur un morceau de mauvais goût. "Tu connais pas? M'enfin, c’est le dernier Maximum Balloon! Il est vraiment temps que tu sortes de ton loft, mec…" Ce qui se traduit au final par un habile shaker de funk, de pop, d’electro robotique et de collaborations mondaines. Quelque chose de LCD Soundsystem version champagne… en supposant que James Murphy soit plutôt bière.