Lanzafame

Tap Tap

Stolen Recordings – 2007
par Jeff, le 29 janvier 2007
9

S'il est bien un disque que tout le monde attend de pied ferme dans les mois à venir, c'est le Neon Bible de The Arcade Fire. Cela fera bientôt deux ans que Funeral a débarqué, et vu l'onde de choc déclenchée à l'époque par le disque, il semblait inévitable que le groupe allait faire un paquet d'émules. Depuis la sortie de ce disque majeur, un nombre incalculable de formations se sont revendiquées de l'influence du groupe montréalais ou ont été intégrées de force dans cette grande famille dite « des suiveurs ». Aujourd'hui, chaque pays et chaque label semble posséder sa version locale - et invariablement inférieure à divers degrés - de The Arcade Fire. Aussi, face à un tel état des choses, il est fort probable que Tap Tap se voie rapidement affublé du surnom de « Arcade Fire anglais ». On aimerait vous dire que ce n'est pas le cas et que le groupe développe une identité qui lui est propre, mais il vous suffira d'une seule écoute de « 100.000 Thoughts » pour établir un parallèle inévitable entre les deux formations. En effet, on retrouve sur le morceau d'ouverture de Lanzafame une dose anormalement élevée de passion, cette grandiloquence quasi théatrale et cette intensité qui vous prend aux tripes; soit autant d'éléments qui habitent et transcendent les compositions du couple Butler/Chassagne.

Toutefois, il n'est pas ici question d'un binôme gagnant. Tap Tap est avant tout l'affaire du seul Thomas Sanders, véritable tête pensante de ce groupe originaire de Reading. Tout au long de Lanzafame, Sanders fait étalage d'une créativité débordante et développe une écriture qui, malgré une production lo-fi et imparfaite, parvient à dégager une impressionnante puissance. Sa voix, profonde et emportée (parfois proche de celle de Alec Ounsworth), se pose sur des écrins mélodiques savamment construits et explore des territoires archi-connus – allant même jusqu'à titiller le ska sur « Way To Go, Boy ». Mais Tap Tap déploie ses arguments avec tant de classe qu'il en devient extrêmement difficile de résister aux onze invitations au voyage que contient Lanzafame. Frénétique et fougueux, Lanzafame est à n'en point douter un album brillant qui frôle à plusieurs moments la perfection. Vu l'imminence de la sortie de Neon Bible, on pourrait penser que ce premier effort constitue un amuse-gueule léger à se carrer sous la dent, histoire de patienter avant l'arrivée du plat de consistance. Mais ne vous y méprenez pas, avec un album de cette trempe, Tap Tap est là pour marquer les esprits et pourrait frapper un très grand coup une fois que les rares défauts que contiennent Lanzafame auront été gommés.

Le goût des autres :
8 Nicolas