Jericho Sirens

Hot Snakes

Sub Pop – 2018
par Jeff, le 26 mars 2018
8

Parler d’un comeback quand on évoque ce nouvel album de Hot Snakes est légèrement galvaudé. Car même si l’on parle du premier album du groupe de punk / post-hardcore depuis Audit in Progress en 2004, il est à nouveau actif sur le circuit du live depuis 2011, sans pour autant spécialement tirer sur cette corde. Par ailleurs, entre 2004 et 2011, ce n’est pas comme si ses différents membres s’étaient complu dans l’oisiveté la plus totale - John Reis s’est occupé de son label Swami Records tandis que Rick Froberg a sorti trois albums de garage bien gras sous la bannière Obits. Mais visiblement, l’envie de retourner en studio était trop forte: c’est donc accompagnés des fidèles Gar Wood à la basse et Jason Kourkounis à la batterie que les deux anciens de Drive Like Jehu remettent le couvert avec ce quatrième album qui met vraiment toutes les chances de son côté pendant la bonne demi-heure qu’on veut bien lui consacrer. D’abord, et c’est assez unique pour être souligné, il est impossible de penser que ces mecs ne se sont plus retrouvés dans un studio depuis si longtemps tant l’alchimie qui se dégage des 10 brûlots post-hardcore est perceptible. Délivrées avec une énergie qui renvoie à leurs chères études pas mal d’apprentis rockeurs qui pensent davantage à leur garde-robe qu’aux morceaux qu’ils doivent écrire, ces nouvelles compositions font le choix de la tension permanente: les mecs ne sont pas venus pour beurrer les tartines, et l'infectieux "I Need A Doctor" suivi de l'oppressant "Candid Cameras" placent le décor d'entrée de jeu. Puis l’autre élément qui joue en faveur d’un retour gagnant de Hot Snakes, c’est le conservatisme dont la scène qu’ils représentent fait globalement preuve. En effet, qu’on parle de songwriting ou de production, rien ou presque ne permet de jouer sérieusement au jeu des 7 erreurs entre Jericho Sirens ou Audit in Progress sorti il y a une quinzaine d’années. Si cela doit nous interroger sur la capacité de la scène noise / post-hardcore à renouveler son public à plus long terme, on boit néanmoins du petit lait à l’écoute des dix titres de cette nouvelle galette des Californiens: les mecs balancent la purée comme s’ils devaient mourir demain, leur sens mélodique n’a jamais semblé aussi affuté et certains des riffs entendus sur Jericho Sirens viennent concurrencer les meilleurs titres du dernier METZ - ou taper la honte au At The Drive-In de In•ter a•li•a). Mais pour rendre réellement justice à un disque qui ne prend pas de pincettes pour nous exploser la rate, on le résumera en cette formule assez simple: all killer, no filler.

Le goût des autres :