In Ear Park

Department of Eagles

4AD – 2008
par Adrien, le 3 novembre 2008
9

Quel est le point commun entre des groupes tels Metallic Falcons, A Hawk and A Hacksaw ou Department of Eagles? Leurs références ornithologiques, oui, et encore?  Des univers musicaux prononcés et un enclin certain à déverser un folk des plus oniriques. Entrons dans le vif du sujet en évoquant, avec In Ear Park, ce qu'un artiste doit s'évertuer de faire lors de productions artistiques: immerger l'auditeur au cœur d'une vision subjective et d'expériences sonores uniques.

In Ear Park, c'est donc le résultat probant de deux musiciens new yorkais, Daniel Rossen, guitariste des Grizzly Bear d'une part, Fred Nicolaus, cothurne et ami de Rossen de l'autre.
Bien décidé à voler davantage de leurs propres ailes, le duo forme en 2001 Department of Eagles, enregistrant quelques EP puis, en 2003, Whitey of the Moon (réédité et renommé deux ans plus tard en The cold nose), chaudron bouillonnant de créativité et d'expérimentations electro/hip-hop/folk/rock particulièrement alléchantes.

Ce nouvel album marque déjà un tournant dans la jeune carrière du Département des Aigles. Alors que The Cold Nose frappait par son côté touche-à-tout et l'absence de leader vocal, In Ear Park revient à l'essentiel: un folk vaporeux articulé d'un bout à l'autre par le songwriting inspiré du duo Rossen/Nicolaus et des mélodies touchées par la grâce, tout en nuances. In Ear Park n'est certainement pas un album à prendre à la légère. Les onze titres, ou devrait-on dire pépites, qui ornent avec brillance ce deuxième effort sont là pour le rappeler. Au fil du disque, les deux compères esquissent avec délicatesse une œuvre impressionniste résolument immersive. Et les deux musiciens ne demandent pas leur dû, rendant l'enchantement effectif dès les premières notes de l'éponyme "In Ear Park", porté par la voix habitée de Rossen. Dès lors s'ensuit 40 minutes d'allusions fantasmatiques, entre la désuétude de "Teenagers", la douceur extatique de "Phantom Other" ou l'envoûtante ballade "Herring Bone". Dans cette ivresse tourbillonnante se décline une multitude d'instruments - piano, violoncelle, guitare, percussions - conférant à l'ensemble une densité et une harmonie parfaitement maîtrisées. L'exceptionnel pouvoir de séduction de l'album tient dans son aptitude à marquer l'intemporalité. Dès les premiers scintillements mélodieux, toute notion de temps semble écartée, l'auditeur se plongeant à bras ouverts dans un univers ô combien onirique. Le dépaysement est total.

Là où The Cold Nose jouait la carte de l'éclectisme au travers d'expérimentations diverses et variées, In Ear Park recentre la substantifique moelle sur des compos folk vaporeuses pleinement immersives. Plus qu'un tour de force, l'un des meilleurs albums de l'année.

Le goût des autres :
4 Julien 8 Splinter 7 Jeff