Horehound

The Dead Weather

Third Man/Warner – 2009
par Adrien, le 28 août 2009
8

Quand le projet Dead Weather fut annoncé en janvier dernier, on pouvait déjà appréhender des moments de pure folie créatrice, où Mr White et sa clique mettraient tout en oeuvre pour retourner le petit monde de l'indie. Au départ de ce projet ambitieux, Jack White donc, Alison Mosshart des Kills, Dean Fertita, guitariste des Queens Of The Stone Age et Jack Lawrence, bassiste des Greenhornes et comparse de White au sein des Raconteurs. Aligner quatre têtes d'affiche pour une seule formation, le terme "supergroupe" trouve ici clairement son écho. Cible d'une campagne de promo soutenue, objet de convoitise parmi nombre de revues spécialisées, le premier effort de ce quatuor aux arguments pré-établis sort donc en pleine période estivale avec pour prétention de faire souffler une tempête dévastatrice de guitares saturées, de batterie frénétique et de vocales plus obscures qu'inquiétantes.

A l'image de la pochette de l'album, d'une noirceur gothique que Mosshart cultive à travers une mise en scène cadavérique, Horehound ne fait pas dans la dentelle et nous ascène au fil des 45 minutes de prestation des coups furieux vitaminés et chargés de blues aventureux. Si l'on pense nécessairement aux Black Keys de Dan Auerbach, la musique des Dead Weather hérite davantage d'un mélange woodstockien, entre les riffs acérés d'un Hendrix et la rage d'une Joplin. Car ce qui fait défaut aux Raconteurs et susmentionnés Black Keys, c'est un brin de féminité que l'on retrouve ici en la personne d'Alison Mosshart.  Tandis que Jack White, à l'instar des White Stripes et Raconteurs, s'efface et revient à ses premières amours, la batterie, tout en étant aperçu à l'occasion de quelques vocales savamment placées, l'Américaine sort le grand jeu et s'impose comme clé de voûte du groupe. Avec son attitude mystérieuse, ses gestuelles méchantes et sa voix ténébreuse, miss Mosshart entrevoit les Dead Weather comme une formation de choc où le blues gorgé de sueur des uns rencontre la féminité exaltée de l'autre.

Au centre d'un buzz modéré, le clip vidéo de "Treat Me Like Your Mother" en dit long sur le vivier foisonnant et quasi incontrolable de l'album. Mosshart et White mis en scène pour un western futuriste lorgnant du côté de Mad Max, le tout porté par la tonalité suvoltée du morceau phare de l'album, la raclée est assurée. Dans cette orgie bluesy des plus jouissives, rien au final n'est à jeter comme l'atteste des titres aussi implacables que "60 Feet Tall", "Rocking Horse", "New Pony" et le pré-cité "Treat Me Like Your Mother", certainerment le morceau le plus brilant de ce premier effort.

Puisque la formule du "supergroupe" suscite l'intérêt du plus grand nombre, pour le meilleur (le duo Turner/Kane à l'occasion des Last Shadow Puppets) et pour le pire (les Scots de Correcto), The Dead Weather marquent l'humilité et nous pondent un album suintant de blues ténébreux, porté par le jeu aguerri des musiciens et la voix enragée de Mosshart. Horehound remplit ainsi son objectif premier : insuffler comme un vent de tempête sur l'indie rock américain.

Le goût des autres :
9 Laurent