Future Chaos

Bomb The Bass

!K7 – 2008
par Simon, le 19 novembre 2008
8

Voilà maintenant neuf longues années qu’on attendait des nouvelles concrètes du producteur légendaire Tim Simenon, mieux connu de tous derrière le pseudonyme l’ayant rendu célèbre : Bomb the Bass. C’est que l’Anglais détient un curriculum vitae long comme mon bras : d’abord défricheur fou (c’est à lui qu’on doit la popularisation de l’acid house et du sampling), ensuite activiste acharné ayant multiplié les collaborations en tous genres et finalement trois albums à la dégaine intemporelle. Un vieux dinosaure qui traîne sa bosse depuis plus de vingt ans pour proposer encore et toujours une musique électronique qui fait à présent partie des meubles, bien cachée derrière ce super groupe composé de lui et de ses collaborateurs du moment (et donc différent de disque en disque).

C’est donc avec l’assurance d’un homme qui n’a plus rien à prouver que Bomb the Bass nous livre là son quatrième album. Et c’est sans aucune appréhension que nos oreilles viennent à se poser sur ce travail d’orfèvre qui, une fois de plus, se révélera aussi addictif que tout ce qu’a pu produire l’Anglais durant ces deux dernières décennies. Au programme, un disque sombre et apaisé, fruit d’un travail millimétré sur de longues lignes d’acid pop. Toutes ces variations sur les samples témoignent d’un savoir-faire précieux, qui plonge rapidement ces ballades nocturnes dans des océans de léthargie sonore. Bien qu’aidé par des invités de marque (Mark Lanegan, ex Queens Of The Stone Age ; Fujiya & Miyagi ; Paul Conboy) au moment de transformer ces perles électroniques en pop song teintées de wave, Bomb the Bass n’en reste pas moins l’acteur principal de son propre film. Car les cadres dessinés par l’Anglais sont de véritables petits joyaux, joyaux sur lesquels ces collaborateurs n’auront plus qu’à poser leurs voix langoureuses pour obtenir d’instinct un disque mystérieux et surtout profondément cohérent. C’est peut-être là le coup de force de ce disque : rassembler avec cohérence vingt ans de travail et d’influences tout en évitant d’accoucher d’un monstre velu et difforme, réunir sous le même disque les essais les plus réussis tant de Depeche Mode que d’IAMX sans qu’aucun de ses titres ne prête jamais le flanc à aucune forme de critique.

Un disque assurément fait pour les couche-tard, qui s’apprécie d’autant plus que la nuit avancera, car les formes de groove invoquées ici se plaisent dans l’obscurité et la noirceur de votre imagination. Parler d’un disque de la maturité relèverait de l’insulte au vu de l’expérience acquise par ce vieux loup de mer, on préférera se laisser pénétrer, encore et encore, par ces infrabasses lourdes de sens et ces grooves sexuellement transmissibles. Tout est dit en neuf pistes et pas une de plus, sans qu’il n’y ait quoi que ce soit à rajouter à ce contenu trop parfaitement calibré pour décevoir les auditeurs que nous sommes. Ah, si seulement tous les producteurs électroniques pouvaient vieillir comme Bomb the Bass...