European Tour EP

The Discussion

 – 2017
par Albin, le 4 octobre 2017
6

Voilà un retour pour le moins inattendu : celui de Laura Pleasants, guitariste aussi énervée que charismatique de Kylesa, officiellement en « pause à durée indéterminée » depuis un peu plus d’un an. Enregistré en toute discrétion, ce premier EP autoproduit sert de rampe de lancement d’une tournée européenne de deux mois, qui passera notamment par Liège et Paris en octobre.

Retour en colère de Laura la virtuose ? Pas du tout et c’est sans doute ce qui déstabilisera au premier abord les fans en manque d'un coup de patte et de hurlements légendaires. On se retrouve plutôt ici en présence d’une compilation de 5 titres pop-rock, revendiquant tantôt un héritage shoegaze (l’intro de « A Gesture / The Other Side »), tantôt des influences new wave qui lorgnent carrément du côté de New Order ou Ultravox pour les plus grisonnants d’entre nous, Interpol ou Editors pour les autres (« Like Rain », « Before We’re Gone »).

Seul « Cuts Like a Knife », qui clôture ce premier EP, porte les stigmates d’un passé où Laura maltraitait sa Gibson couverte de bière pour en sortir des plans bestiaux. Mais on reste loin de ces riffs qui faisaient jadis autorité parmi les adorateurs d’un métal psyché asséné à coups de massue. Ceux-ci se contenteront d’un climax final assez bien fichu, qui passe en revue en quelques minutes un répertoire nourri aux productions de Pink Floyd et Black Sabbath.

Courbe rentrante réussie ou virage mal négocié qui se termine dans le bac à sable ? Difficile à dire sur une si courte durée. L’objet n’a en tout cas rien d’un os à ronger en attendant un hypothétique retour de Kylesa : il s’agit bien d’un projet à part entière, dans un style typique du rock indé US, donc forcément beaucoup plus sage et conventionnel que ce qu’on aurait pu attendre d’une musicienne adoubée de la scène métal depuis 10 ans. Néanmoins, ce premier EP n’est pas dépourvu d’atouts : guitares et synthés se marient à merveille ; le grain de voix très affirmé de Laura Pleasants s’avère toujours aussi agréable, même sur des refrains post-punk ; les compositions tiennent parfaitement la route. De là à crier au génie, on attendra de juger sur scène.