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Dj Kentaro

Ninja Tune – 2007
par Simon, le 23 juin 2007
7

Dans la famille des turntablists on comptait déjà Dj Shadow ou encore Birdy Nam Nam, arrive alors un jeune Japonais en passe de rentrer dans la légende à son tour : accueilli avec impatience au prestigieux tournoi DMC lors des son édition en 2002, le jeune nippon se voit gratifié de la récompense ultime, pour la première fois un Dj obtenait le score parfait, un score légitimement accompagné d’un titre de champion du monde. Inutile de dire que son passage sur format long a suscité chez les avertis une impatience toute proportionnelle à la grandeur de sa récente consécration. C’est sur le prestigieux label de Coldcut, Ninja Tune, que Dj Kentaro décide de poser ses valises pour préparer ce premier opus, renforçant ainsi encore un peu plus les attentes placées dans cet album.

En regardant de plus près la jaquette du cd, on se rend vite compte que Dj Kentaro est loin d’aimer la solitude, mais également que le Japonais est relativement bien entouré car c’est en compagnie de Mc’s de la trempe de Spank Rock, Pharcyde, New Flesh ou encore le collectif de scratch japonais (Hifana), que le massacre est maintenant prêt à débuter. Le titre faisant office d’introduction place d’emblée la barre très haut en alternant les phases de scratch sur des breaks bien sentis, on ne pouvait espérer mieux pour rentrer tout entier dans ce disque bien prometteur. Les titres rappés s’enchaînent à une vitesse folle, et pour cause le mélange drum and bass/jungle/hip-hop fait des ravages tant sa précision est chirurgicale. Spank Rock signe sur « Free » un ovni booty bass à la hauteur de leur réputation, ambiance jungle frénétique sur fond dance-hall pour Pharcyde (« Keep On ») et le meilleur arrive avec un « Space Jungle » sorti tout droit de l’enfer : un break beat agressif délivrant des basses monstrueuses assisté par un casting alléchant de Mc’s en puissance : Mc Spank Rock, Ronnie Darko, Chris Rockswell et Armani XXXchange assurent des phrasés impeccables, pendant que Dj Kentaro se charge de tuer toute chance de contestation à l’aide d’une démonstration technique sortie de l’au-delà.

Mais Dj Kentaro n’est pas non plus un champion du monde pour rien, parsemant l’album de plages entièrement instrumentales, il vient se placer à mille lieues de toute concurrence en exécutant des prouesses phénoménales sur des platines qu’il connaît à l’évidence comme sa poche, transformant en même temps votre salon en hall de gare, imaginant des danseurs urbains dansant frénétiquement sur le rythme d’un soundsystem qui crache à en vomir des scratches déments. Equilibré entre esprit de démonstration et véritables productions, le Japonais démontre qu’il a de la réserve, ouvrant une nouvelle porte dans le petit monde des génies de la platine, celle d’un turntablism accessible et festif qui évite constamment de tomber dans des atmosphères statiques et poussives. Un tout bon disque.