Bravo!

Friska Viljor

CBR – 2007
par Jeff, le 12 février 2007
9

C’est bien connu, il n’est jamais facile de se séparer d’un être que l’on aime. Avant de prendre son courage à deux mains et d’annoncer la difficile nouvelle à sa moitié, il n’est pas rare de cogiter pendant de longues semaines. Une fois ce moment difficile passé, il est tout aussi fréquent de rameuter quelques potes histoire de se mettre minable et d’oublier temporairement ses tracas. C’est exactement ce qu'ont fait Daniel Johansson et Joakim Sveningsson après avoir décidé de larguer leurs conjointes respectives. Mais tandis que le mec de base finira sa course endormi sur un bar ou la tête dans les chiottes, c’est dans un studio que ces deux-là se sont retrouvés en fin de soirée. Et malgré les quantités ingurgitées ce soir-là, nos deux compères ont été en mesure de prendre conscience qu’il se passait quelque chose et que leurs talents étaient destinés à se rencontrer. Aussi, Daniel Johansson et Joakim Sveningsson jurèrent-ils de prolonger leur collaboration. De celle-ci est née Bravo!, le premier album de Friska Viljor, sorti il y a bientôt deux ans et disponible depuis quelques mois à peine dans nos contrées.

Pour tout vous dire, ce disque traîne sur une armoire depuis plusieurs semaines déjà mais en raison d’une pochette extrêmement sobre me faisant redouter un disque de folk inoffensif et policé, Bravo! n’a pas été considéré avec toute l’attention qu’il méritait. Mea culpa. Car s'il est bien un disque qui mérite toute votre attention, c'est bien celui-là. Certes, Daniel Johansson et Joakim Sveningsson n’ont pas la prétention d’innover, et à l’image de nombre de leurs compatriotes, ils préfèrent écrire des chansons qui semblent tout droit sorties d’un local de répétition d’outre-Atlantique plutôt que de perdre leur temps à créer un style qui leur est propre. Aussi, les onze compositions de Bravo! s'adressent à un public qui était déjà tombé sous le charme d'un autre groupe suédois, les excellents Shout Out Louds, avec qui Friska Vilhor partage des influences évidentes (à commencer par les Strokes et Weezer), une énergie des plus communicatives qui se traduit par une parfaite maîtrise du « la la la » qui vous met du baume au cœur et une propension bienvenue à mélanger avec beaucoup de finesse power-pop et garage rock. Et bien que les textes de nos deux amis ne soient pas particulièrement réjouissants, les effluves d’amertume et de dépression qu’ils dégagent à la lecture sont rapidement balayés par des mélodies enjouées rehaussées par des notes de clairon ou des accords de banjo.

Dernier petit conseil avant de vous lancer dans l’écoute de Bravo! : ne vous fiez pas à « Shotgun Sister », l'attachante ballade qui ouvre le disque. Calme et reposante, elle ne reflète en rien le contenu d’un album aussi simple qu’efficace qui n’a jamais aussi bien porté son nom…