Better Off Dead

Flatbush Zombies

ElectricKoolAid Records – 2013
par Aurélien, le 7 octobre 2013
9

Que ce soit dans ce penchant old school qu’ils partagent avec The Underachievers ou dans la façon animale qu’ils ont d’attaquer le beat à la gorge, les Flatbush Zombies sont promis à un avenir flamboyant. On voit difficilement comment il pourrait en être autrement venant d’un groupe qui compte dans ses rangs la présence du génial Erick Arc Elliott et qui a enchaîné ces derniers mois les featurings incroyables pour le compte de Mr Muthafuckin’ eXquire ou d’A$AP Mob. En fait, il n’y a guère qu’une première mixtape un peu inégale, D.R.U.G.S, pour noircir un peu le tableau. Mais ce n’était sans doute que pour mieux corriger le tir moins d’un an plus tard, avec un BetterOffDead bouillant comme l’enfer.

Car là où leur premier projet du groupe faisait se côtoyer l'incroyable et le vain, les natifs de Brooklyn ont donné de leur personne pour faire sonner leur second bambin comme une véritable plaque. Résultat: ça rappe vite, ça chante même, et ça prend surtout un malin plaisir à passer au vitriol l’Amérique d’Obama sur fond de voix cassées. C'est bien simple, les Flatbush Zombies affichent une forme à ce point olympique que même Action Bronson et Danny Brown, venus faire un bref coucou, peinent à rivaliser avec l'alchimie parfaite que Meechy Darko et Zombie Juice insufflent à un projet pas avare en coups d'éclat.

Mais le sans-faute qu'est BetterOfDead ne serait sans doute rien sans le coup de pouce de Erick Arc Elliott, qui confirme ici sa position d’éminence grise pour le compte des morts-vivants: quand il ne délègue pas le boulot de beatmaker aux copains Harry Fraud ou Obey City, il s'amuse à emmener les deux MCs sur des terrains tantôt sudistes ("222"), tantôt old school ("MRAZ") voire même vers des sphères plus inspirées de l’horrorcore façon Gravediggaz ("Nephilim", "Drug Parade"), le tout sans jamais mettre en péril leur versatilité. C'est simple: ils sont à l’aise partout, sur les délires les plus mongols comme dans les passages les plus intimistes.

Les chiffres ne mentent pas: si quelques titres auraient sans doute mérité de se voir un peu rallongés, la vingtaine de morceaux tranquillement alignée par BetterOffDead cristallise à merveille les ambitions de D.R.U.G.S, les baisses de régime en moins et une sacrée colère au mic en plus. Si l'on attend encore beaucoup des livraisons de Schoolboy Q ou Pusha T, il se pourrait bien qu’avec un projet aussi riche nos zombies préférés aient tiré des cartes déterminantes pour décrocher la médaille d'album rap de l'année.

Le goût des autres :
9 Ruben