Atoll

Tukan

Layva Records – 2022
par Nico P, le 21 novembre 2022
8

La scène se passe un lundi soir, du côté de la Villette, à Paris. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, ici se côtoient les scènes du Trabendo, du Zénith, mais également la Grande Halle, accueillant concerts, festivals, expositions, et tout un tas d’autres choses. Quelques mètres plus loin, sur le flanc gauche de cet impressionnant bâtiment, se cache (secret plus ou moins bien gardé), la petite Halle, salle de 300 personnes à peu près, où il est possible de regarder des concerts tout en dévorant une délicieuse pizza. Bref, un joli cadre. Et ce soir de septembre, Tukan est à l’affiche.

On les découvre ainsi, à l’occasion du Waffles Jazz Festival organisé par le webzine qui accueille ces quelques lignes. Les artistes sont belges, jeunes, beaux, talentueux, tendent vers le jazz (avec tout ce que cela peut impliquer de pas de côté). La salle est conquise. Sans mal. Car il y a chez Tukan une forme d’évidence. Instrumentales, leurs compositions sont d’une clarté absolue, aux confluents de l'electro, du post-rock et du jazz. Chaque note est une douce caresse, une couette épaisse (mais pas étouffante) qui enveloppe l’auditeur et l’auditrice dans une bulle cotonneuse matinée de mélodies imperceptibles. Le titre d’ouverture, “Scuba”, ne pouvait mieux jouer son rôle : quelques notes évoquant le niveau aquatique de Donkey Kong Country (les vrai(e)s savent), et le tour est joué, nous sommes sous le charme.

Atoll est un album pour les sens, tous les sens. De leur propre aveu, à leurs débuts, les quatre Bruxellois n’étaient pas certains de ce qu’ils voulaient faire, encore moins de ce qu’ils voulaient dire. Alors ils ont essayé. Ici un truc, et là un autre. Pour finalement créer une musique reliant le passé et le futur, l’ouïe et le toucher (rugueux est “Raymond”, doux est “Beluga”). Un album organique donc, né de répétitions, pendant des heures, afin de trouver la bonne ligne directrice, la bonne idée, celle qui, tirée, malaxée, modifiée, torturée, deviendra chanson. D’aucuns diront que Atoll manque d’aspérités, de prises de risques, que tout cela est tout de même un peu trop “agréable”. Peut-être. Mais allez les voir sur scène, et tentez de lutter. Et osez dire que le monde n’a pas grandement besoin d’un disque amoureux, d’un disque planant, d’un disque hors du temps, alors que justement, le temps nous manque pour être heureux.

Le goût des autres :