Ashen Womb
Phrenelith

Au milieu de la précédente décennie, le death metal old school a connu ce qu’il est coutume d’appeler une nouvelle vague. Si on est toujours assez prudents avec cette nomenclature, il faut bien admettre que les arrivées successives de Gatecreeper, de Dead Congregation, d’Altarage, de Tomb Mold ou d’Hyperdontia avaient de quoi faire frémir. Pour autant, le death metal old school n’a jamais vraiment été en danger quand il s’agissait de tenir sa ligne au travers des âges, et c’est une fois de plus ici le signe d’un genre musical qui se tient incroyablement bien, capable de connaître un regain de popularité au travers d’une époque qu’on qualifiera sans soucis de pérenne. Il n’empêche que pour un genre de niche, l’arrivée de toute cette nouvelle génération a redistribué pas mal de cartes, avec des fortunes évidemment diverses.
Dans les rangs des nouveaux bandards de ce qu’il sera désormais coutume d’appeler le NOSDM - le new oldschool death metal, ça commence à devenir concon - on retrouve sans aucun doute les Danois de Phrenelith. Leur ticket de groupe parmi les plus prometteurs de cette scène « émergente » leur a été octroyé dès la première écoute de ce Desolate Endscape sorti en 2017. Une sorte de death metal de fin du monde qui a laissé tout le monde sur le cul, avant de légèrement décevoir sur un Chimaera qui jouait de manière parfois maladroite la carte des ambiances à tout prix. Et ce Ashen Womb me direz-vous ? Et bien il est pile poil entre les deux si on devait essentialiser.
Pour ce qu’il y a de plus positif, on accordera à Phrenelith ce mérite de produire un des meilleurs death metal apocalyptique de la scène. Par là, il faut entendre une musique torrentielle, qui envoie tellement de souffle en bloc que ça passerait presque pour quelque chose de statique. Pourtant derrière ça joue, ça joue même extrêmement bien. Du riff joué avec des séquences simples et terriblement puissantes, qui se conçoit comme un énorme magma sonore. Une tendance qui pousse ces neuf titres à bouger en apparence de manière extrêmement monolithique (ce style de death veut ça). Au chant c’est tellement démoniaque et bas dans les graves qu’on verrait presque les mouches à merde sortir du gosier de l’autre putois. Ici on ne parle pas de death metal simplement bestial, on parle de musique dominatrice, infernale au sens d’un vice profond. Phrenelith n’est pas là pour te blesser de manière contondante, il est là pour te chier dans le cœur et te voir te vider de ta substance dans une atmosphère de miasmes suffocants et de pression titanesque.
Ce qui n’empêche pas pour autant Ashen Womb de briller par ses sombres mélodies. Derrière le mur du son, ça regorge d’un metal abouti, aux notes brillantes, qui existe toujours entre le mouvement lent et séquencé et cette bourrasque totale. Difficile de dire si Ashen Womb réussira avec le temps à détrôner l’excellentissime Desolate Escape, qui semble malgré tout encore un cran au-dessus. Les Danois parviennent malgré tout à écrire un album complet plutôt qu’une simple succession de bangers (merci les magnifiques interludes et ce final de dix minutes), forçant un travail sur les ambiances qui satisfera sans aucun doute sur le long cours. Ce troisième album inscrit Phrenelith dans la short list des groupes ultra solides de NOSDM, avec une identité et une vigueur qui semblent là pour durer dans le temps. Un essentiel de ce début d’année.