Levon Vincent annonce un nouvel album dédié à Paris dans une ambiance de repentir un brin gênante

par Émile, le 22 septembre 2017

Drôle de type que Levon Vincent. Cela fait quinze ans que le producteur américain met nos neurones et nos cuisses à contribution avec une musique électronique qui refuse la concession et, accessoirement, composée à partir du nombre d'or, ce nombre qui correspondrait au partage le plus harmonieux d’une grandeur en deux parties inégales et énormément utilisé dans la musique classique. Un producteur dont la street cred est stellaire mais qui avait véritablement élargi son public en 2015 en sortant un album éponyme tout simplement époustouflant. Morceau choisi:

C'est précisément pendant la période de promotion de l'album, au moment donc où une certaine partie du public le découvrait, qu'a eu lieu une malheureuse controverse sur les attentats de Paris. Bref rappel des faits: sur Facebook, quelques jours après les événements, le Texan lâche un post très long et incisif, dans lequel il invite les gens à prendre les armes pour se défendre directement contre les terroristes ("Please, people need to arm themselves. If you don’t like guns, you can get whatever maximum length knife allowable from your government. Everyone should have mace. Because you need to be able to stop those cowardly attacks immediately when the [sic] begin"). Une saillie qui avait logiquement déclenché une discussion houleuse, Levon Vincent supprimant tous les commentaires qui n'allaient pas dans son sens. Way to go, bro. Bref, loin d'avoir "fait une Ten Walls", tout cela avait fait beaucoup de bruit et s'était tassé dans une certaine amertume.

C'est pourtant Levon Vincent lui-même qui est revenu à la charge avant-hier, en annonçant la sortie d'un album sur les attentats de Paris. De la provocation ? Non, plus bizarre encore: du repentir. L'artiste dit regretter ses commentaires faits après les attentats du 13 novembre, et avoir mis dans sa musique toute sa volonté d'agir en faveur de la paix.

Dans un long post, il annonce avoir lu Malcolm X, Martin Luther King et les grands livres de la sagesse chinoise ; il espère même lancer un mouvement pacifique. On dirait une blague ou un "awakening" un peu bidon mais il n'en est rien: "I learned a difficult lesson and I didn’t take it lightly- I hope that is reflected in the music I am presenting to you." Dans une dynamique d'auto-flagellation, il dit vouloir proposer de vraies excuses en composant de la musique, mais également au travers d'artworks et autres gadgets déculpabilisants qui pourraient être glissés dans une pochette de disque. L'album For Paris sera mis en ligne gratuitement la semaine prochaine, mais ne sortira en format physique qu'en décembre, par "respect pour le mois de novembre".

Si vous le suivez sur Facebook, vous savez probablement que le type a tendance à être légèrement extrême dans ses idées et prises de position, et on a vite fait d'être catégorisé comme quelqu'un qui écoute exclusivement de la merde si on ne connaît pas le groupe de proto-punk qu'il a déterré un peu par hasard. Mais malgré la gêne que nous inspire la lecture d'un post d'une naïveté qui contraste avec l'intelligence et la finesse de ses productions, on a envie de croise en sa capacité à passer d'un extrême à l'autre. Mais attendons de voir si sa musique nous inspirera, comme il le souhaite, "amour et paix dans le monde".

Et comme on n'a pas d'extrait de For Paris à se mettre sous la dent, on vous laisse avec ce superbe titre de 2011, très judicieusement titré.