J.I.D est fin prêt pour son voyage dans la stratosphère du rap

par Jeff, le 18 janvier 2022

Dans l'écurie Dreamville du patron J. Cole, J.I.D est peut-être l'élève dans lequel nous avons placé le plus d'espoirs – et pourtant, de la qualité chez Dreamville, il y en a. Mais aussi bon élève soit-il, le gars d'Atlanta, s'il n'est pas une grosse feignasse, sait se faire désirer depuis qu'il a mis beaucoup de monde d'accord avec DiCaprio 2 en 2018, sur lequel sa proximité vocale avec Kendrick Lamar se diluait dans des productions très variées, une énergie juvénile remarquable, et une alchimie totale avec ses invités.

Nous sommes en 2022, et 4 ans à l'échelle du rap, c'est une éternité. Soyons clairs, la stratégie est maline : l'année 2020 l'a vu enchaîner les featurings chez des artistes vraiment estampillés hip hop et solidifier un peu plus encore sa cred' avec l'album du Spillage Village, tandis que l'exercice 2021 a été l'occasion de gagner en visibilité auprès de quelques unes des plus grosses machines de la pop culture ou du mainstream – Dua Lipa et Doja Cat notamment, et avec en point culminant un couplet stratosphérique sur le tubesque "Enemy" d'Imagine Dragons.

Ces deux premiers paragraphes, on ne manquera pas de les ressortir quand il faudra parler de The Forever Story, le nouvel album de J.I.D dont il a annoncé l'existence (dans sa tête du moins) il y a maintenant un an. L'année fut bien chargée donc, mais sans le moindre extrait à se mettre sous la dent. C'est désormais le cas, avec un nouveau titre sorti vendredi dernier, et à côté duquel on est passés pour une raison qu'on ne s'explique pas encore – mais l'état de léthargie profonde induit par le dernier Burial en est peut-être une.

Musicalement, la production fera directement tiquer les plus âgés d'entre nous : comme le plus gros tube de la carrière de Mos Def, "Surround Sound" sample le "One Step Ahead" de l'éternelle Aretha Franklin et le place dans un écran qui colle à merveille avec les codes du moment. Fidèle à son style de rap qui se joue beaucoup dans les interstices, J.I.D déroule sans jamais donner l'impression de forcer son talent, qu'on sait immense. Quant à 21 Savage qui honore le titre de son auguste présence, il a l'intelligence de sa caler sur le rythme de "faux lent" imprimé par son collègue. Et ça fonctionne à merveille. Bref, dans une année 2022 qui attend K Dot comme le messie (qu'il est), on a très envie que J.I.D vienne perturber l'ordre établi.