
Il aura été connu et reconnu pour son apport au cinéma par le prisme de films barrés mais très souvent géniaux comme Lost Highway, Mulholland Drive ou Blue Velvet pour ne citer qu’eux. Mais David Lynch était surtout un artiste à part entière qui aura mis sa patte si singulière dans bien des domaines et notamment celui de la musique.
Tant sur pellicule que dans le son, l’Américain à la cigarette et aux cheveux en bataille ne se privait pas de laisser libre cours à son sens de l’expérimentation au point que sa musique et ses films se présentaient la plupart du temps comme des illustrations de rêves bordéliques ou malsains. Amoureux de jazz, d’électro, d’ambient ou de rock enfumé, il laisse derrière lui une discographie pour le moins honorable dans laquelle figurent des albums comme Crazy Clown Time (2011) en collaboration avec Dean Hurley ou son petit dernier, sorti en août 2024, Cellophane Memories avec la chanteuse Chrysta Bell dont les intonations ne sont pas sans rappeler la volupté d’une certaine Julee Cruise (1956-2022), collaboratrice de Lynch notamment sur la phénoménale série Twin Peaks.
Cette série qui d’ailleurs témoigne du flair que la réalisateur avait pour s’entourer musicalement. Sa longue collaboration avec Angelo Badalamenti (1937-2022) en est une des preuves. Et que dire des incroyables découvertes musicales que le réalisateur a transmises aux spectateurs en laissant toujours une place dans ses épisodes à la prestation scénique d’artistes comme lors de la troisième saison ou chaque segment se terminait par un morceau live joué dans un bar et sur lequel défilait le générique.
Pour le reste, Lynch n’aura jamais manqué de faire confiance à des artistes de renom quitte à sortir des rails comme lorsqu’il confie la production de la B.O. de son Lost Highway (1997) à Trent Reznor qui en fait une œuvre noire, martiale et sensorielle parfaitement en phase avec l’ambiance délivrée par le scénario et la mise en scène. Cette B.O. qui voyait d’ailleurs se côtoyer David Bowie et Rammstein à ses débuts.
David Lynch s’est éteint ce 16 janvier et les hommages inondent la toile et les réseaux aussi bien dans le monde du cinéma que dans celui de la musique pour la simple et bonne raison qu’il a orné ces deux disciplines d’une grosse couche de passion supplémentaire sans la moindre prétention.