The Airing of Grievances

Titus Andronicus

Merok – 2009
par Jeff, le 6 mars 2009
8

S'il est un label dont on parle peu, c'est bien Merok. Pourtant, cette structure qui appartient à l'excellent label anglais XL Recordings peut se targuer d'avoir été la première à donner sa chance à des groupes qui ont désormais explosé. En effet, qu'on aime ou pas les Klaxons, les Teenagers ou Crystal Castles, c'est sur Merok qu'ils ont pu faire découvrir leurs premiers faits d'armes à un plus large public. Aussi, c'est toujours avec un mélange de plaisir et d'appréhension qu'il convient de jeter une oreille attentive aux dernières trouvailles du label qui nous revient en ce début d'année avec le premier effort des Américains de Titus Andronicus – un groupe qui, les plus érudits de nos lecteurs l'auront rapidement noté, tire son nom de "La Très Lamentable Tragédie romaine de Titus Andronicus", œuvre de William Shakespeare datant de la fin du 16e siècle et considérée comme la première tragédie du dramaturge anglais. A l'origine sorti l'année dernière sur le petit label Troubleman Unlimited et passé pour ainsi dire inaperçu des deux côtés de l'Atlantique, le groupe tente aujourd'hui sa chance sur le circuit européen.

A ce stade de la chronique, j'espère que les quelques noms jetés en pâture dans mon introduction ne vous auront pas induit en erreur. La chose électronique, les cinq gars de Titus Andronicus n'en ont que faire. Eux, c'est plutôt du côté de Bruce Springsteen, des Replacements, de The Arcade Fire, de Bright Eyes et des Pogues qu'ils vont allègrement piocher sur The Airing of Grievances. Présenté comme cela, ce maelström d'influences pour le moins disparates a de quoi rebuter les plus traditionalistes d'entre vous. Pourtant, à la surprise générale, l'ensemble se révèle tout simplement haletant dès les premières écoutes. Empreinte d'une urgence qui vous prend instantanément aux tripes, la musique du groupe a pour seul moteur la fougue et l'insouciance. Or, on sait combien il est dangereux de dépendre de ces deux sources d'alimentation. Pourtant, le pari se révèle gagnant d'un bout à l'autre de ce The Airing of Grievances passionnant. Avec Titus Andronicus, la frontière entre folk habité, country salace et punk revanchard n'a jamais semblé aussi mince et vole en éclats à chaque  fois qu'Andrew Cedermark se saisit de son micro pour y hurler comme s'il devait mourir demain.

Face à un tel déploiement d'énergie et une telle rage de vaincre, deux choix s'offrent alors à vous: foutre le camp au plus vite ou vous laisser emporter par la déferlante Titus Andronicus. Personnellement, cela fait une semaine qu'à raison d'une heure par jour, je me fais bringuebaler par cette bande de petits merdeux sortis du New Jersey. Certes, c'est parfois surjoué, ça manque sérieusement d'originalité et c'est bourré de petites imperfections, mais putain qu'est-ce que c'est bon!