I AM KLOOT play Moolah Rouge

I AM KLOOT

Skinny Dog – 2008
par Splinter, le 14 mai 2008
6

Le récent concert parisien des I AM KLOOT avait préparé le terrain : les trois couilles nous reviennent avec leur quatrième et nouvel album, trois ans après le très bon Gods and Monsters, un an et demi après le Live at the BBC, qui avait permis de faire le point sur une œuvre de bonne tenue mais assez sous-estimée. Il faut dire que depuis Natural History en 2001, le trio mancunien persiste, en bons artisans, à creuser un sillon rock folk honnête mais relativement répétitif, qui a donc perdu un peu de son attrait au fil des années. D'autant que le groupe n'est pas toujours parvenu à se hisser au niveau de son second album, sorti en 2003, et probablement son meilleur, avec des titres aussi sublimes que "From Your Favourite Sky" ou "Mermaids".

Levons tout de suite une ambiguïté : du Moulin Rouge, le célèbre cabaret parisien de la place Pigalle, il n'est point question ici. Le Moolah Rouge, qui existe bien sous ce nom, est en réalité un studio situé à Stockport, au Royaume-Uni, qui a d'ailleurs permis l'enregistrement de plusieurs albums de Badly Drawn Boy, des Doves ou encore de Johnny Marr, après le split des Smiths. Une place de choix, donc, voire seulement de second choix, qui symbolise bien la catégorie dans laquelle évoluent nos trois quadra depuis quelques années : pendant qu'I AM KLOOT enregistre au Moolah Rouge, d'autres disposent d'Abbey Road, véritable studio mythique s'il en est…

De là à dire que le folk mélancolique d'I AM KLOOT surnage lui aussi en seconde zone, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Car, bien que la recette soit largement éprouvée, bien que John Bramwell ne cherche pas même à créer la surprise ni dans son chant, ni dans ses paroles, il faut reconnaître aux Kloot un talent certain pour créer une atmosphère sombre et envoûtante ("Only Role in Town", "Chaperoned") illuminée par des textes toujours aussi bien écrits, sur une partition toujours parfaitement interprétée par trois types qui connaissent leur métier.

Et encore une fois, si un sentiment de déception peut se dégager lors des premières écoutes de la galette, on ne peut que constater que certains titres a priori inoffensifs parviennent in fine à déployer des accents de grande beauté, comme "Hey Little Bird", "Suddenly Strange" ou encore "Down at the Front", même si aucun n'atteint la magie de l'exceptionnelle "Avenue of Hope", par exemple, sur le précédent album, qu'on trouvait déjà inférieur aux précédents. Bref, un album classique, pas désagréable, mais on se demande si le groupe va enfin chercher à se dépasser pour accoucher d'un véritable chef-d'oeuvre qui mettrait tout le monde d'accord.

Le goût des autres :
6 Popop