Dossier

Top albums 2012

par Jeff, le 6 janvier 2013
  • 11.Vers les lueursDominique A

    Là où tant d'autres s'égarent dans des concepts fumeux et des choix musicaux qui ne riment à rien ou pas grand chose, on a l'impression que Dominique A a trouvé depuis longtemps la formule magique qui lui permet de se réinventer dans la continuité autour d'idées et de lignes directrices fortes qui portent ses chansons toujours aussi pertinentes. Le natif de Provins a su trouver une nouvelle dynamique qui manquait un peu à des albums comme L'Horizon ou Tout sera comme avant, le tout conforté par la parfaite union entre instruments électriques, le piano et l'ensemble de cuivres qui se confrontent, s'affrontent et se complètent tout au long des treize titres. Il ne nous reste plus qu'à s'immerger dans Vers les lueurs…

  • 12.Blue ChipsAction Bronson x Party Supplies

    Avec sa grosse barbe rousse, ses origines albanaises, son passé de cuistot et sa ressemblance vocale assez frappante avec le géant Ghostface Killah, ce fumeur de spliffs invétéré a tout du rappeur atypique et sympathique, dont les accointances avec les années 90 devraient plaire aux plus nostalgiques de nos lecteurs. En effet, avec ses ambiances soulful, ses formats narratifs très classiques, ses punchlines pleines de malice et ses productions qui flairent bon le boom bap, Blue Chips s’impose comme un disque qui se déguste sans le moindre effort, qui ne laisse peut-être pas une impression prégnante d’originalité mais dont les qualités immenses se dévoilent dès la première écoute. Forcément, face à un tel niveau de qualité, on se demande bien pourquoi ce genre d’objet est offert au téléchargement gratuit alors que des dizaines de disques inutiles ou surcotés viennent encombrer les bacs tous les mois.

  • 13.The SeerSwans

    Avec The Seer, qui se révèle comme une véritable réussite de bout en bout, Gira, qui utilise une nouvelle fois le format du double album, pousse encore plus loin l’exploration des extrêmes, de ses limites et des limites de son groupe. Le titre éponyme dure ainsi 32 minutes et les deux derniers morceaux avoisinent les 20 minutes. Les structures répétitives et chamaniques se développent dans des transes soniques ou le magma en fusion cède la place à des passages plus en apesanteur. Même sur les plages plus calmes telles que « Song for A Warrior » (que chante Karen O des Yeah Yeah Yeahs) ou « The Daughter Brings The Water », la tension semble être une des clefs et un des moteurs principaux de la musique des Swans. La douleur côtoie l’extase et vice versa. Un nouveau chapitre dans une histoire déjà bien fournie et passionnante. On espère qu’il y en aura d’autres.

  • 14.Good Kid M.A.A.D CityKendrick Lamar

    Le message envoyé en conclusion de l'album est simple : quand Kendrick termine sur un morceau (et quel morceau, "Compton" avec Dr. Dre), il se place en héritier. Il réussit en un album là où le pauvre The Game échoue depuis tant d'années (la bonne volonté ne fait pas tout, il faut surtout du talent) : porter haut les couleurs d'une culture West Coast malmenée par les aléas d'un rap game qui n'aime pas la stagnation et qui a décidé de détruire les chapelles. Il a su le faire intelligemment, en apportant sa sensibilité et ses influences extérieures, aérant clairement un genre qui s'est beaucoup trop replié sur lui même. Grâce à Kendrick Lamar, Compton a toujours sa place sur la carte du rap américain.

  • 15.An Awesome WaveAlt-J

    Il y a des groupes dont tout le monde parle tellement, qu’on a l’impression qu’il n’est pas nécessaire d’en remettre une couche. Pourtant, Alt-J méritent amplement toute la publicité que les médias indés leur ont offert. Le groupe de Leeds a débarqué sur la planète pop avec quelque chose de différent. Bien plus complexe qu’un groupe de pure hype comme Wu Lyf. Alt-J jongle sur son premier album entre restes de post-rock, new wave remâchée et lyrisme ampoulé pour un résultat qui réussit, miraculeusement, à ne pas agacer. Le tout saupoudré de cette petite touche apportée par la voix nasillarde de Joe Newman, entre Yoni Wolf et Alec Ounsworth de Clap Your Hands Say Yeah. Contrairement à certains de leurs collègues, Alt-J semblent être partis pour durer.

  • 16. The Money Store Death Grips

    Si dans ce disque, il y a des relents de dubstep old-school à la Distance, de la composition cartonnesque inspirées par Dan Deacon, des lignes électroniques et indus tirées de Nine Inch Nails. On pense surtout aux deux premiers disques de The Prodigy. Moins dans la singerie que dans la filiation spirituelle, ce Money Store a quelque chose de très cru, de très violent. Une sorte de révolution urbaine globale à l’état de larve, qui se nourrit de tout, qui grandit dans les cœurs et pousse finalement au vomissement de tout. Un disque qui, malgré le carton qu’il provoque, résiste à sa manière dans une époque du tout beau, du calcul comme manière de vivre. Live Fast, Die Young.

  • 17.The Scarlett Beast O’ Seven HeadsGet Well Soon

    Dans le détail et sur la longueur, ce nouvel album révèle une nouvelle fois une manne de joyaux mirifiques. Gropper y déploie sans complexe une palette d’arrangements, tel un gamin surexcité qui découvre sa montagne de cadeaux au pied du sapin : avalanches de cordes, de cuivres, de chœurs, de percussions en tous genres, de claviers analogiques, et on en passe. Mais ce qui pourrait rapidement passer pour un caprice d’élève surdoué se révèle au final bien plus intéressant qu’un simple exercice de style stérile et vaniteux. Pourquoi ? D’abord parce que le sujet est parfaitement maîtrisé, ensuite parce qu’on sent un véritable respect et une grande humilité face à des influences si évidentes et enfin parce que les morceaux sont excellents, tout simplement.

  • 18.SmalhansLindstrom

    Il est bien difficile de s’ennuyer sur les six titres que compte ce troisième album en solitaire. Car si l’on a parfois pu taxer le nu-disco de genre superficiel juste bon à faire dandiner des hordes de bobos qui n’y connaissent que pouic à la (bonne) musique électronique, Smalhans s’impose ici comme le disque populaire par excellence, qui lorgne parfois vers le genre de sucreries auxquelles nous avait habitué les deux de Royksopp à une époque où ils nous intéressaient encore. Quant à Lindstrom, on a envie de le voir comme le producteur nu-disco aujourd’hui capable de réconcilier ambitions arty et velléités grand public; passé, présent et futur. Smalhans est un disque d’une simplicité désarmante et dont la finalité semble être de cartonner dans l’obscurité des clubs.

  • 19.Kill For LoveChromatics

    Une des forces des Chromatics vient de cette subtile analyse et description des tourments de l'âme via une musique et des paroles qui flirtent toujours avec le kitsch sans jamais y sombrer, en déployant un songwriting qui touche à l'essentiel sans être caricatural. La fragilité est omniprésente dans ce long mais très cohérent album. L'instrumentation est certes simple (du moins à première vue) mais on sent que chaque son, chaque note a été réfléchi et pensé comme une partie d'un tout et non une collection de morceaux épars réunis sur une galette plastique. Vous l'aurez compris, Kill For Love est un album dense et intense, le type de ceux qui vous trottent encore et encore dans la tête de manière évanescente mais néanmoins présente.

  • 20.Music For the Quiet HourShackleton

    Côté pile, Shackleton envoie ce qu’on considèrera finalement comme une longue pièce d’une heure où l’électronicien explore des recoins de plus en plus abstract, flirte en permanence avec le drone, le silence et les percussions. Côté face, Shackleton nous livre un « simple » nouvel album : dix nouveaux titres qui avancent avec l’esthétique maintenant connue de l’Anglais, à ce détail près qu’on s’étonne de voir sa composition s’affiner encore avec le temps, lui qui semble déjà si haut. Un nouvel album en forme de laboratoire, où les expériences sur la musique électronique ne laissent jamais de place aux acquis, où un genre musical est toujours remis sur la table d’opération pour en arriver à la substance même. En soi, il s’agit de la même démarche que pour le Consumed de Richie Hawtin. Quand on sait que ce disque est peut-être le plus grand disque de techno de l’histoire, on se dit que les tentatives de Shackleton sont à épingler au rang d’historiques.