Concert

Scratch Bandits Crew

Petit Bain, le 7 juin 2012
par Aurélien, le 8 juillet 2012

Une date : le 31 novembre. Un chiffre : six ans de conception. Un concert : une heure et quart. Pas mal de données se bousculent donc dans cette review du concert que le Scratch Bandits Crew a donné au Petit Bain, armés de ses turntables, de ses inventions scéniques et de ses MPC pour célébrer la sortie de son remarquable deuxième bébé, en livrant une prestation à son exacte image: intense, déstructurée et courte. Dramatiquement courte.

Peu de temps morts à reprocher aux trois membres du crew qui assureront intégralement un show exigeant et travaillé : passée une chouette entame brise-nuques évoquant les rechutes drum'n'bass d'un Amon Tobin au top de sa forme, les « scratch musiciens » assurent un spectacle autant musical que visuel de haute volée qui vient ravir les esgourdes et les nerfs optiques de A jusqu'à Z – pour la poignée d'heureux qui a accepté de se jeter dans le vide avec eux. Revisitant leurs pistes avec une énergie live contagieuse, livrant notamment un « In My Head » dévastateur ou encore une relecture finement ciselée du « Break Ya Neck » de Busta Rhymes, le trio semble prendre un malin plaisir à retourner une fosse acquise à sa cause en maintenant intacte une pression qui ne retombera qu'au moment d'un rappel arrivé malheureusement bien trop tôt. Car malgré toute la diversité déployée par le trio et l'évidence du perfectionnsime qui les pousse à rallonger autant leurs pistes, on en redemande, persuadés que leur retrait de la petite scène est un leurre face au nombre maigrelet de titres intérprétés – une dizaine en réalité. Et ce n'est que bien plus tard que l'on réalise, lorsque l'on daignera regarder l'horaire affiché par les pendules de BFM, que la prestation aura tout de même duré plus d'une heure, une moue dubitative encore puissament incrustée sur nos mines de Parisiens pas franchement conscients d'avoir échappé au stress du quotidien le temps d'une poignée de minutes.

Pari réussi donc pour le trio lyonnais qui confirme sa stature de groupe de scène après un second album bourré de promesses d'avenir et qui garantit de belles poussées d'adrénaline sur scène : c'est la nuque endolorie, les esgourdes sifflantes et un brin de frustration en travers de la gorge que l'on ressort de cette sympathique prestation, avec des envies d'encore plein les neurones que l'on entend bien satisfaire lors d'un nouveau passage dans la capitale.