Tribute To The Sun

Luciano

Cadenza – 2009
par Simon, le 13 novembre 2009
7

Le moins que l'on puisse dire, c’est que Luciano a fièrement gagné sa place aux côtés de Villalobos, Richie Hawtin et Gabriel Ananda aux postes des producteurs électroniques les plus célèbres de la nightlife mondiale. Et comme un héros ne vient jamais vraiment seul, c’est doublé de son label Cadenza que le Suisse a su faire monter la sauce pour devenir un incontournable de la deep house autour du globe. Chose particulièrement rare par contre, la formule long format a de quoi étonner dans un label qui a basé son travail quasi exclusivement sur le format EP. Et si la remarque est soulevée en début de chronique, c’est bien que la peur de voir une énième compilation de maxis se fait d’autant plus sentir que le dernier essai de la maison Cadenza avait de quoi décevoir par moment.

Pourtant, le début du disque commence bien, très bien même : banger house minimale aux couleurs latino, « Los Ninos De Fuera » alterne tout ce que l’on aime chez Luciano, à savoir un kick charnu et obsédant, le tout bardé de chants enfantins et de percussions en tous genres. La minimal house couchée sur des attitudes samba a du bon, surtout quand elle est jouée à ce niveau d’intensité. Mais quoiqu’on en dise, ce Tribute To The Sun sera avant tout une question de gros singles. Car si l’album n’est pas forcément marqué par une cohérence évidente entre hymnes pour peak hour et titres plus fragiles, il faut bien avouer que cette nouvelle production contient son lot de perles intemporelles. Tout d’abord la claque vient avec « Celestia », la collaboration étendue (et entendue) entre le producteur et la belle Keren Ann pour douze minutes de couchers de soleil deep house, où les ritournelles vocales de la Néerlandaise pourraient bien participer au titre de l’année. Il y a aussi ce « Africa Sweat » où Luciano a la bonne idée de faire venir Ali Boulo Santo, héros Sénégalais de la fusion entre la techno et la musique traditionnelle africaine (lancée originellement par le Français Frederic Galliano sur Fcom) pour une virée ethnique férocement puissante et psychédélique.

Alors les plus nostalgiques pourront gloser des heures sur le talent de Luciano, Tribute To The Sun manque à bien des égards de cohérence et de liant. Et même si on peut en effet soulever la classe de « Conspirer », le côté ludique de « Hang For Bruno », le final tout en minimal house ravageuse avec « Metodisma » et « Œnologue », l’ensemble manque cruellement d’univers, sinon le recours aux rythmes sud-américains,  pour pourvoir au rang d’album irréprochable. Alors on prendra Tribute To The Sun pour ce qu’il est finalement, un fourre-tout rempli de tracks élégantes souvent, essentielles parfois. Bref, on se rend bien compte que Luciano va chercher sa réussite à la force de son expérience et de sa grande classe ; et puis quitte à appliquer des formules, autant les appliquer avec soin et le reste suivra. Et c’est le cas, le reste suit. Tribute To The Sun est l’exemple même qu’on n’accouche pas si facilement d’un album électronique constant dans la perfection, et ce, même si on est réputé être le roi pour composer des titres à vous rendre fous toutes les scènes du monde (cet exploit ayant sans doute été réalisé par Villalobos et son mémorable Alcachofa). A boire et à manger donc, mais globalement bien réussi.

Le goût des autres :
5 Julien