There Is Only Now

Souls of Mischief

Linear Labs – 2014
par Jeff, le 15 octobre 2014
5

L’intérêt suscité par There Is Only Now est double. Tout d’abord il marque le retour (pas spécialement attendu) des Souls of Mischief, dont la grande histoire du double H retiendra « ’93 ‘til Infinity » - et dans une moindre mesure, l’album qui portait le même nom et sorti en 1993. Mais c’est à peu près tout. Le crew d’Oakland a bien sorti quatre albums derrière, mais sans vraiment causer une excitation similaire à celle déclenchée par l’immense single susmentionné. Ensuite, cette sortie marque une nouvelle incursion d’Adrian Younge dans le grand bain de la production hip hop, après le « Picasso Baby » de Jay-Z ou l’intégralité du dernier Ghostface Killah, 12 Reasons to Die, que l’on a beaucoup aimé. D’ailleurs, une seule écoute du disque suffit pour comprendre que comme avec la pleureuse du Wu-Tang, le compositeur/ arrangeur a complètement vampirisé le projet pour en faire la vitrine de sa vision musicale.  Celle d’une production organique, cinématographique et riche en arrangements. Un hold up sonique comme ceux qu’on a connu à la grande époque d’un Dr. Dre ou d’un Timbaland, quand ils gardaient leurs plus belles idées pour Missy Elliott ou Eminem. Le seul problème avec les Souls of Mischief, c’est qu’ils n’ont pas l’audace d’une Missy ou le génie lyrique d’un Marshall Mathers. Ou la patte inimitable d’un Ghostafce Killah, pour faciliter la comparaison. Car si Ghostface était parvenu à s’approprier avec son habituel bagout les productions d’Adrian Younge, les gars de Souls of Mischief sont incapables de les magnifier. Spectateurs alors qu’on les voudraient acteurs,  ces honnêtes emcees rappent like it’s 1993 (ce qu’on pourrait encore pardonner) sans jamais donner l’impression d’être convaincus de la qualité de la matière première fournie par Adrian Younge (et là c’est plus grave). Cela donne un There Is Only Now d’une uniformité lassante, qui laisse les rares coups d’éclats aux invités (on pense à Busta Rhymes, remarquable de sobriété) et ne rend pas justice au travail d’un Adrian Younge qui n’a pas mérité cela.