Power

Boys Noize

Boys Noize Records – 2009
par Julien Gas, le 23 octobre 2009
6

Petit Prince de la génération fluo, étendard de la French Touch 2.0, Alex Ridha aka Boys Noize fut un dj star au pays de la musique vrillée et martelée, au même titre que Digitalism ou Justice. Malheureusement, en quelques années, ce mouvement de musique maximale et instantanément jouissive passa de la hype totale à la ringardise assurée. Depuis, l'electro s'est heurtée au baile funk, au kuduro, au dubstep ou encore au hip-hop. En découlera la  génération fidget house ou UK bass qui reprit le flambeau, tout en n'oubliant pas d'y intégrer les ingrédients headbanging qui ont fait le succès des Boys Noize, Don Rimini et autres frappeurs fous. Il y a quelques années, Boys Noize était donc au sommet de la branchitude en sortant Oi Oi Oi, une musique bruitiste qui faisait, à l'époque, danser tous les adolescents mondialisés de Paris à New York en passant par Berlin et Tokyo. Surfant sur la vague, Boys Noize créa son label Boys Noize Records (accueillant des artistes comme Siriusmo, Les Petits Pilous, Housemeister ou encore le très bon Djedjotronic) et ne cessa de tourner aux quatre coins du monde, s'arrêtant aussi bien en festival qu'en club, toujours accueilli par des centaines de bras d'adolescents levés en l'air.

Avec Power, son deuxième album, Boys Noize rallume donc le feu d'une techno vrillée, qui pourrait paraître usée jusqu'à la corde. Il n'en n’est rien. Bien que ressassant les mêmes ingrédients que pour son précédent opus, Alex Ridha y ajoute quelques bleeps aquatiques, quelques sons minimaux, quelques nappes acides qui lui permettent de sauver la mise. Les titres, clairement orientés dancefloor, qui auraient pu figurer sur Oi Oi Oi comme "Starter", "Kontact Me" ou encore "Sweet Light" n'apportent vraiment rien, si ce n'est une bonne dose de beats tabassés et de montées incisives toutes prêtes à retourner un dancefloor rempli de casquettes New Era. On se penchera par contre plus attentivement sur des titres beaucoup plus expérimentaux et intéressants, une facette du dj superstar allemand à laquelle il nous avait peu habitués. Le titre d'ouverture, "Gax", est un bel exemple d'un son à la fois frais et nouveau, s'écartant doucement des pistes de danse. On retiendra également les très bons "Jeffer", "Drummer" ou encore les plus expérimentaux "Nerve" et "Trooper".

Quoi qu'on en dise, le style « fluo-rave-party » au sens tabasseur du terme est, sans nul doute, bel est bien terminé. Il laisse place à de nouveaux sons influencés par le tropicalism, le grime, le dubstep - des artistes comme Switch, Herve, Caspa, ou encore des labels comme Hyperdub et Sound Pellegrino. Boys Noize, grâce à son talent, arrive malgré tout à sortir la tête hors de l'eau avec un disque pourtant en demi-teinte, à la fois bruitiste et expérimental, moderne et pourtant déjà vu. L'album Power donne donc au genre un joli coup de peinture, un ravalement de façade dont il avait bien besoin. Certainement le dernier sursaut avant la mort définitive du genre.

Le goût des autres :
6 Soul Brotha 5 Julien