Post-American

MSPAINT

Convulse Records – 2023
par Alex, le 22 mars 2023
9

On a commencé à y croire il y a quelques mois au détour d'une séance de doomscroll sur Instagram, qui s'est poursuivie sur Bandcamp. Et puis on a officiellement pris position cinquante écoutes de singles plus tard. Il est par ailleurs désormais trop tard pour que l'on se contienne en société dès lors qu'il s'agit de mentionner cette nouvelle came qu'on passe notre temps à rechercher dans l'océan des playlists. Mais pour 2023, c'est bon, c'est plié, ça ne bouge plus : MSPAINT est l'une des choses les plus fraîches du moment et leur premier album, un classique instantané.

L'équation pourrait sembler bancale si elle n'était pas d'une confondante simplicité : 4 mecs du Mississippi, soit l'un des états les plus conservateurs des States, décident de former un groupe pour évacuer les frustrations qui découlent d'être un Américain au 21e siècle. En résulte Post-American, 10 titres punk gavés aux atmosphères retro qui empruntent autant à l'énergie du hardcore qu'à l'esthétique de la synthwave. Quelques secondes d'attention sur le CV et les accointances du groupe suffisent d'ailleurs à comprendre que MSPAINT gravite bel et bien au sein de cette scène hardcore US qui n'aime pas beaucoup fermer sa gueule : c'est Convulse Records (Gel, Public Opinion) qui s'occupe de sortir la galette,avec Taylor Young (God's Hate, Nails, Deadbody) et Ian Shelton (leader de Militarie Gun et Regional Justice Center) aux manettes. "Son of a bitch, I'm in", comme disait l'autre. Mais ce n'est pas ce bel entourage qui provoque en nous l'émoi mais bien la note d'intention de MSPAINT, avec un univers singulier et un message qui privilégie l'espoir au nihilisme, la résilience à l'abandon.

On ne le dira pas assez souvent mais 30 minutes, c'est largement assez pour montrer ce qu'on a dans le ventre - et ain't nobody got time pour des disques de 54 minutes de toute façon. En l'absence de guitare, c'est souvent aux lignes de basse bourrées d'effets de Randy Riley qu'il faut s'en remettre pour suivre la trame. On rencontre aussi moults feedbacks et les textures de synthétiseurs de Nick Panella, dont on pourrait penser qu'elles n'ont rien à faire là, n'ont aucun mal à trouver leur place à travers les textes de DeeDee, souvent affolant, parfois réconfortant dans son discours. Quant à la batterie de Quinn Mackey, elle se met entièrement au service d'un flow mutant, pas forcément loin du hip-hop, qui a le dégout de l'humanité et des sociétés modernes pour moteur.

La formule est aussi étrange que réussie, et jamais l'attention n'est perdue grâce à une narration forte d'un bout à l'autre du disque. C'est d'autant plus frappant sur de nombreux titres dont le déjà immense "Titan Of Hope" ou ces irrésistibles earworms que sont "Delete It" ou "Free From The Sun". On reste irrémédiablement scotchés à cette première oeuvre, quasi parfaite du début à la fin, dont la spontanéité continue de nous rappeler que la curiosité à parfois du bon et qu'on ne se lassera jamais de rechercher ce next big truc un peu innovant qui nous fait tellement de bien.