Exposure

Damian Valles

VoxxoV Records – 2014
par Simon, le 18 février 2014
8

Nos amis de VoxxoV Records ont eu la bonne (et périlleuse) idée de se lancer dans une grande opération de suicide commercial (pour le moment) : lancer une structure intéressée uniquement par les musiques électroniques "obliques". Un boulot risqué mais ici infaillible au vu de la passion déployée : « Là où il y une volonté, il y a un chemin » diront certains. Toujours est-il que VoxxoV Records, malgré la modestie actuelle de ses moyens, possède en son cœur les arguments nécessaires pour attirer l’oreille un peu sensible. Question de dignité probablement, VoxxoV ne compte pas quitter en si bon chemin ses allégeances au « tout-expé », une manière de revenir à ce qui fait l’essentiel d’une écoute attentive, une prime si chère (et devenue si rare) en des heures bien sombres.

Sombre, ce nouveau disque de Damian Valles l’est assurément. Une petite machine à générer des ambiances de mort autour d’une poignée de drones, de manipulations électro-acoustique et de field recordings. Une manière élégante de se rappeler que si la compagnie a du bon, la solitude a quelque chose de pur, de génialement terrifiant. Si Exposure est un disque solitaire, il n'en renferme pas moins un vrai biotope en ses murs. On irait même jusqu’à y trouver une certaine légèreté dans sa capacité à créer de l’espace entre les lignes, la grandeur qui se conjugue sans problème avec la hauteur. Bref, ça vit à l’intérieur. Et ça donne rapidement le tournis. Car plus qu’un simple générateur de drones à l’emporte-pièce, Exposure impose dès la première écoute une force de caractère qui lui vient sans nul doute de sa narration à la fois simple et profonde. Pas d’effets de manche pour remplir l’espace, Damian Valles travaille et épuise la matière en lui imprimant une destination finale. Bien sûr, on se remémore rapidement la satisfaction éprouvée sur les travaux de Svarte Greiner, Jasper TX, Kreng, Thomas Köner ou Ural Umbo, ces maîtres à composer dans la noirceur du grain, dans la folie des grésillements.

Et au-delà des comparaisons, on aura de cesse de revenir à une écoute appliquée de cet Exposure, qui offre sans cesse de nouvelles pistes dans le grand labyrinthe d’une vraie belle introspection. Un disque qui raconte son histoire avec simplicité, l’histoire d’un homme qui revient de l’enfer, qu’on ne peut que croire sur parole malgré la démesure du propos. Un rite initiatique, presque tribal, où chaque seconde compte pour s’en sortir. Car la mort, elle, n’attend pas. Oubliez tous les cache-misères que l’on peut vous vendre sous l’étiquette « dark-ambient », on tient ici un vrai grand disque, qui s’impose dès le début de cette année comme l’homme à abattre.