Pukkelpop 2010
Kiewit, le 19 août 2010
Villagers
Depuis quelques mois, le nom de Villagers fait à juste titre le tour des blogs et se permet même des incursions réussies dans la presse traditionnelle qui voit dans le groupe emmené par le jeune Connor O'Brien le digne héritier de Neil Young, de Wilco ou d'un autre Conor, Oberst celui-là. Et il est vrai qu'il a une classe folle ce Becoming A Jackal qui sent bon les grands espaces, la sensibilité à fleur de peau et le songwriting tout en finesse. Mais un petit tour sur le Net nous apprend également que les prestations du bonhomme méritent elles aussi le détour. Visiblement, nous ne sommes pas les seuls à vouloir vérifier cette affirmation, et malgré l'heure quasi indécente de la prestation du groupe (11h55!!!), ce sont quelques centaines de valeureux festivaliers à la gueule un brin chiffonnée qui investissent le petit Château. On ne va pas tourner autour du pot: en 35 minutes à peine, le groupe irlandais a livré une prestation de toute beauté qui nous a permis de confirmer tout le bien que l'on pensait de lui. On le sait, trop de concerts étiquetés folk se complaisant dans une ambiance « feu de camp » qui finit vite par lasser. Et si Conor O'Brien est à l'aise dans ce genre d'exercice qu'il pratique avec parcimonie, il a surtout le bon goût de privilégier (et d'amplifier) le côté plus électrique de son répertoire, qu'il magnifie dans une ambiance permanent de montée en puissance dont le paroxysme sera cette fois atteint sur « Pieces » que l'on est pas prêts d'oublier. On le sait, les festivals sont trop souvent l'occasion de réaliser que le buzz de l'hiver ou du printemps se défend sur album mais n'a strictement rien à offrir en live. Avec Villagers, ce fut tout le contraire, ce qui porte à penser que ce groupe-là a ce qu'il faut où il faut et qu'il nous réservera encore bien des surprises à l'avenir.
Jeff
Limp Bizkit
On n’a pas cessé de le dire : cette année, le Pukkelpop avait des airs de mini-Werchter. Avec ses tarifs toujours plus prohibitifs et ses scènes squattées par des groupes de plus en plus fédérateurs, il semblerait que l'on glisse subrepticement vers le consumérisme de masse bête et méchant. Ainsi arrivent au premier plan les pleurnichards de Placebo (qui sont passés devant Iron Maiden... mais où va-t-on ?), les lavettes mouillées de Snow Patrol et les skater boys ridés de Blink 182. Pour ceux qui ont assistés à la prestation déplorable de ces derniers, le set de Limp Bizkit s’est révélé salvateur. A la différence des Californiens, Fred Durst a décidé de ne pas s’asseoir sur la renommée de son groupe et d’envoyer illico la grosse artillerie, tout simplement. « My Generation », « Break Stuff », « Rollin’ », « My Way », « Take A Look Around » , … Que des tubes entassés sur une heure et aucune promo pernicieuse à l’horizon! Une bonne façon pour l’ami Fred de fêter son quarantième anniversaire tout en flattant les jeunes années d’un public complètement acquis à sa cause nu-metal!
Bref, au milieu de toute la mélasse sirupeuse servie sur la Main Stage, Limp Bizkit a fait une vraie mission de salut public au niveau de l’ambiance. On ne demande à ce type de groupe que de faire ce qu’il a de meilleur, sans chichis, et c’est précisément ce qui s’est passé. Résultat : les gens pouvaient avoir 15 ans ou 40 ans, ils ont tous fini par se lâcher à un moment ou un autre du concert, et c’est certainement pour cela qu'ils étaient venus.
Romain