L'industrie musicale anglaise encaisse les coûts du Brexit
"Total cunts" selon Anton Newcombe, "spineless fucks" selon Thom Yorke, "#boriskilledmusic" d'après Geoff Barrow. Une série d'artistes ont profité du weekend pour se lâcher sur l'administration Johnson à l'annonce des dernières embrouilles post-Brexit qui pourraient bien leur coûter une bonne partie de leurs prochaines tournées.
Pour un certain nombre de professions, l'accord négocié avec Bruxelles prévoit bien des déplacements "business" sans nécessité d'application de visa, mais celui-ci en exclut les musiciens qui se retrouveront donc avec une enclume financière au-dessus de la tête lorsqu'il s'agira de franchir la Manche. D'après une source du journal The Independent, une clause aurait bien été proposée par Bruxelles pour dispenser de visa les artistes lors de séjours de moins de 90 jours, mais elle aurait été refusée par le Royaume-Uni, peu enclin à retourner la faveur aux artistes européens. Bien entendu, le gouvernement anglais nie toute responsabilité dans ce fiasco législatif et tout le monde s'ébroue dans un "c'est pas moi, c'est l'autre" généralisé pendant qu'une industrie déjà au bout du rouleau espère encore reprogrammer un an d'annulations dans l'incertitude la plus complète.
Pour ne rien arranger, cette nouvelle réglementation impacterait aussi indirectement pas mal de groupes en provenance des US (les moins fortunés, comme d'habitude) qui, afin d'éviter des frais supplémentaires, seraient amenés à sauter la traditionnelle escale anglaise pour concentrer leurs efforts sur le continent, celui-ci représentant la plus grosse part du gâteau, tant au niveau des salles que des festivals d'été.
Même si les représentant·e·s de la profession tentent tant bien que mal de changer la donne à coups de pétitions, la venue de petits groupes anglais dans nos salles semble de plus en plus compromise dans un futur proche.