Il faut absolument écouter Jeune LC, le plus beau fantôme du rap parisien

par Aurélien, le 9 octobre 2017

Dans le rap français, il y a des gens très (voire trop) présents, et ceux-là on ne prend même plus la peine de les citer. Et puis, il y en a d'autres qui ne le sont pas assez: on parle ici des vrais barlous, de ce genre de tontons à la fois rares artistiquement, et infiniment accessibles puisqu'on croise régulièrement leur route dans les rues de Paris ou les concerts de rap de la Maroquinerie. C'est le cas du formidable Joe Lucazz, qui continue de nous accueillir à chaque fois avec un immense sourire aux soirées Horizons, tout en nous promettant que "la suite de No Name arrive bientôt" (ça fait deux ans déjà, en fait). C'est aussi le cas de Metek/Riski, aussi. Enfin, c'est le cas de Jeune LC, MC bien connu des fans du collectif Bon Gamin (Myth Syzer, Ichon et Loveni) ou des musiciens de Grande Ville Records (Jimmy Whoo, Kezo).  

Qui est Jeune LC ? En vérité, on ne sait pas grand chose de lui. A l'entendre rapper, il connait Paris comme sa poche, et son passif de neighborhood drug dealer y est peut-être pour beaucoup. Un entrepreneur accompli en tout cas: quand le bougre ne s'amuse pas à cracher le feu sur Soundcloud, il tient un bar dans le 10e arrondissement. Et vu sa productivité actuelle, on peut dire que le bar remplit 90% de son temps libre, et le rap les 10 qui restent. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir réussi à fidéliser une solide fanbase, alors même que sa discographie ne se compte qu'en titres disséminés ça et là, et quelques featurings pour Aelpeacha, Bigg Meuj ou Clone X. Aucun projet en bonne et due forme donc, sinon un bootleg un peu daté et quelques rips disparus de son Soundcloud, relayés depuis via le Youtube de ce brave B2 de l'Abcdr du Son, qu'on salue.

Et donc oui, des rendez-vous manqués, il y en a eu à la pelle pour Mehdi L.C. Car malgré sa complicité évidente avec la clique Bon Gamin, le collectif parisien ne semble pas vouloir sortir un long format sur lequel il participerait, trop occupés qu'ils sont à gérer leurs carrières en solo pour le moment. Pas de nouvelles non plus de cet EP collaboratif entre Jeune LC et Myth Syzer, évoqué il y a trois ans, et probablement tombé dans les oubliettes d'un disque dur. Là encore, c'est plutôt dommage: l'entreprise avait plutôt bien réussi à Prince Waly, qui s'était offert les services du producteur Parisien pour l'excellent Junior l'an dernier.

Du coup, Jeune LC a choisi de prendre son temps. Il connait sa valeur, et de son propre aveu, il ne veut pas sortir un disque "pour qu'il reste dans les bacs". L'ambition est donc claire: marquer l'histoire ou rien. Et tant pis si ça lui impose de rester encore un moment ce fantôme du rap français, insaisissable mais flamboyant à chacune de ses apparitions.

Pourtant, le parisien a connu un mois de septembre inhabituellement chargé - ce qui, forcément, nous redonne pas mal d'espoirs. Il a réactivé sa page Soundcloud, sorti trois nouveaux titres ("Fin d'été", "Dickies" et surtout l'immense "Début d'automne"), et a même fait un showcase pour la soirée Rap Rebels. Bref, Jeune LC semblait préparer son retour, et il se murmurait même qu'un album allait sortir le 21 septembre. Bref, d'ici à ce qu'on en sache davantage sur ce mystérieux truc en approche, il est important de se familiariser avec celui qui a "une vision de Paris comme le baron Haussmann": car le Jeune est définitivement très au-dessus de la mêlée.