The Floodlight Collective

Lotus Plaza

Kranky – 2009
par Romain, le 5 juin 2009
8

Qui n’a pas sourcillé à l’écoute du Person Pitch de Panda Bear ? Du sampling de thèmes surfs dégotés dans la mouvance des Beach Boys certes, mais investi d’un tel talent ! Nous vivons une époque où la pop indé a la tête dans les nuages : elle raffole de pistes duveteuses, de voix éthérées et de guitares fleuries ; çela, Noah Lennox l’a bien compris, et quoi de plus à propos que d’électriser des plages entières de chœurs aériens ? Un nom, une idée, Pitchfork qui applaudit : le succès est inévitable et ne laisse pas indifférent.

La puce tombe peu de temps après à l’oreille de l’ami Lockett Pundt, qui avait déjà pas mal potassé son Brian Wilson avec Deerhunter pour le très bon Microcastle. Lorgnant sur les escapades infidèles de Bradford Cox au sein d’Altas Sound, il a manifestement aussi décidé d’embrayer sur la dream pop lumineuse à tendance rétrospective de ses pairs sous le pseudonyme de Lotus Plaza. Pas contraire, Cox s’est prêté au jeu et n’a pas hésité à donner un coup de main à son ami.

Or, de ce type de convolages entres génies éclairés, d’unions consanguines ou d’incestes consommés, on peut craindre de voir parfois naître des albums ébauchés, inégaux, orgueilleux ou simplement tachés de jalousie. En effet, l’étroit chaudron de la dream pop, où se bousculent tant de formations talentueuses, est chauffé abondamment par les projecteurs de l’intelligentsia critique et furieusement remué par les attentes d’un public de plus en plus large, ce qui a de quoi générer des tensions.

Pourtant, il ne sera question nulle part de ratés pour Lockett Pundt. Son Floodlight Collective  pourrait passer pour un des plus prolixes témoins de son temps. Un son clair, lumineux, travaillé et riche d’influences variées. Là où le sampling (incroyable) de Noah Lennox a ses limites, c’est dans sa capacité à séduire les plus rockeurs d’entre nous, attachés groove d’une batterie et d’une basse. En rehaussant d’électronique le son d’une formation plus basique (et avec un bon gros travail de post-prod), Lotus Plaza répond probablement mieux à ce type d’attentes. Slide guitar et chœurs pour l’ambiance surf (« Quicksand »), batteries coldwave pour la touche 80’ (« Different Mirror », « A Threaded Needle »), quelques souvenirs des Pixies et des réminiscences de sitar pour le coté psychédélique (« What Grows ? »). A cela on ajoute une bonne dose de shoegazing et un synthé omniprésent et on obtient un album des plus complets, tout en nuances et à la finition impeccable.

Entre escapades mystiques et post-punk éclairé, The Floodlight Collective se révèle être une vraie réussite dont Kranky peut être fier. Il n’a pas l’effet de surprise d’un Panda Bear et va peut-être souffrir de l’ombre portée de Deerhunter, mais il a d’ores et déjà les qualités d’un excellent album et offre une alternative intéressante au Let the Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel d’Atlas Sound.

Le goût des autres :
6 Julien 6 Nicolas 7 Simon